Jules Raymond Mazarin (Giulio Raimondo Mazarini, 1602-1661) naît dans le royaume de Naples. Elève des jésuites, Jules se fait remarquer dès son plus jeune âge par sa vivacité intellectuelle et sa capacité à rassembler les autres autour de ses vues. Il grandit à Rome avec les enfants de la puissante famille Colonna, dont il devient le protégé. Introduit dans le monde grâce à cet appui, il se rapproche de l'entourage du Pape et exerce dès lors différentes fonctions auprès du Saint-Siège. Entre 1919 et 1621, il est en Espagne avec le Cardinal Jérôme Colonna, envoyé en mission dans ce pays par Urbain VIII auprès des autorités. Mazarin en profite pour peaufiner son sens politique, apprendre l'espagnol, et terminer en passant ses études supérieures de droit civil et de droit canon. En 1628,il devient secrétaire du nonce apostolique à Milan, ce qui l'introduit définitivement dans les rouages de la politique et de la diplomatie vaticanes.
Même s'il agit d'abord le plus souvent sous l'autorité de légats, les talents de négociateur de Mazarin sont tels qu'on lui tresse des louanges au Vatican, notamment lors des conflits qui opposent français et espagnols : guerre de Trente ans, guerre de succession du duché de Savoie. Plusieurs interventions de Mazarin tournant au bénéfice du roi de France, celui-ci et Richelieu commencent à lui marquer de l'attention.
Ils le mandent à Paris, le couvrent de présents et le font chanoine de Saint-Jean de Latran, avec les revenus y afférents. En 1632, Mazarin devient ainsi clerc à part entière, sans trop l'avoir souhaité.
De 1634 à 1636, il est Vice-Légat à Avignon, puis Nonce à Paris. Richelieu, pense à Mazarin pour lui succéder, d'autant que l'italien a l'heur de plaire à Louis XIII comme à la Reine. Richelieu confie plusieurs missions à Mazarin, dont celui-ci s'acquitte parfaitement. Pendant cette période, Mazarin amasse une fortune au jeu, où il fait montre d'une habileté étonnante. Mais il finit par rentrer à Rome en espérant devenir plus facilement cardinal qu'en restant à Paris. Ce ne sera pas pourtant pour cette fois.
Ce n'est vraiment qu'en 1639 que Mazarin se met au service de la France et de Richelieu. Naturalisé français, il obtient du pape la pourpre en 1641, bien que n'ayant accompli ni les ordres majeurs, ni les mineurs, et n'étant pas même prêtre ni diacre. C'est Louis XIII en personne qui lui remet en 1642 les insignes de sa fonction.
Au lendemain de la mort de Richelieu, suivie de celle du souverain en 1643, Mazarin devient rincipal ministre d'Etat. La Régente lui laisse poursuivre sa politique, notamment au plan extérieur et militaire. L'impopularité du ministre ne tarde pas à se faire jour, avec les dures mesures fiscales prises pour subvenir aux dépenses de la guerre de Trente ans qui s'éternise. Le Parlement de Paris et d'autres cours souveraines en province en profitent pour se rebeller. Un arrêt du Parlement condamne Mazarin au bannissement, et le roi assiège Paris. Dans la ville, les pamphlets se déchaînent contre le Cardinal. Une partie des frondeurs se soumet tandis que l'autre s'allie à la Fronde des Princes, entre 1651 et 1653, où le Prince de Condé joue le premier rôle. Les troubles, les renversements d'alliance et les batailles entre les rebelles et les forces royales sont incessants pendant cette période. Devenu majeur, le roi peut affirmer sa légitimité et les troubles s'apaisent progressivement. Mazarin rentre à Paris en 1653, dans le sillage du roi qui s'est installé au Louvre. Il restera Principal ministre jusqu'à sa mort, en 1661.
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Tags : Mazarin - Cardinal - Fronde - Louis XIX - mazarinades.
Parmi les sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Mazarin
https://www.herodote.net/Cardinal_diplomate_et_seducteur-synthese-193.php
Les citations
- Ne te contente pas de lire un traité une seule fois, relis-le à plusieurs reprises. Bien souvent, chaque nouvelle lecture permet à notre attention ou a notre intelligence de capter quelque chose de différent. Une seule lecture, pour attentive et sérieuse qu'elle soit, ne saurait nous faire assimiler toute la substance d'un ouvrage, même si elle est accompagnée des commentaires d'une personne avertie.
- Si jamais on te démet de tes fonctions, manifeste publiquement ta satisfaction, et même ta reconnaissance envers celui qui t'a rendu la quiétude et le loisir auxquels tu aspirais : ainsi éviteras-tu qu'à la disgrâce s'ajoute le sarcasme.
- Tout ce que tu peux régler pacifiquement, n'essaie pas de le régler par une guerre ou un procès.
- Dans une communauté d'intérêts, il y a danger des qu'un membre devient trop puissant.
- Quand tu auras triomphé d'un adversaire, ne cède pas à la tentation de l'insulter par dessus le marché.
Ne te gausse pas de tes rivaux, retiens-toi de les provoquer et, chaque fois que tu seras vainqueur, contente-toi du plaisir de la victoire sans t'en glorifier en paroles ou en actes.
- Si tu es nommé à une fonction à laquelle sont attachés des honneurs, fais nommer en même temps que toi ton rival pour éviter qu'il ne provoque des rébellions. A lui les honneurs de la charge, à toi ses vrais bénéfices.
- Chaque fois que tu paraîtras en public — le moins souvent possible de préférence —, tâche de te conduire de manière irréprochable ; une seule bévue suffit à entacher une réputation, et le mal est alors bien souvent irréversible.
- Veille, pour flatter le peuple, à rendre compte de tes actes, mais seulement après coup, afin que personne ne se mêle de contester tes décisions.
- Si une fois vous prenez en main le gouvernail, vous ferez plus en un jour qu’un plus habile que moi en six mois, car c’est d’un autre poids, ce qu’un roi fait de droit fil, que ce que fait un ministre, quelque autorisé qu’il puisse être. (Lettre à Louis XIV, 29 juin 1659)
- L'autorité du roi, c'est le repos de l'Etat.
- Sire, je vous dois tout, mais je m’acquitte envers Votre Majesté en lui donnant Colbert. (Au roi, le 9 mars 1661)
- En France, une femme ne s'endormira pas tant qu'elle n'aura pas discuté des affaires d'État avec son amant ou son mari.
- Croyez tout le monde honnête et vivez avec tous comme avec des fripons.
- Ce que l'intérêt a uni, l'intérêt peut le désunir.
- L' homme est bête sans argent.
- En tout cas, pour ma consolation, il me reste de savoir qu'au galant homme tout pays est patrie.
Les Mazarinades
Ce sont des pièces satiriques, en vers ou en prose, des chansons, des portraits gravés, des placards, des vignettes, ou même des éléments numismatiques, etc. Produits pendant la Fronde (1648-1553). Ils sont dirigés le plus souvent contre le cardinal Mazarin et son gouvernement, mais aussi contre des membres de la Cour. On en comptera plusieurs milliers pendant la période. Le cardinal, principal cible des mazarinades -mais il en est aussi pour louer sa politique et sa personne - affectera un souverain mépris pour le genre, et d'ailleurs la répression contre les auteurs des mazarinades, dont certains fort connus comme le cardinal de Retz, Bussy-Rabutin, ou encore Cyrano de Bergerac, seront peu inquiétés à ce titre. Ajoutons que la production est en général médiocre, dans la forme comme sur le fond.
Le nom de "Mazarinade" est en fait le titre d'un libelle de Paul Scarron, qui a ensuite servi de terme générique à l'ensemble de la production :
Mazarinade
- Paul Scarron (1651)
- À la malheure, Mazarin,
- Du pays d’où vient Tabarin,
- Es-tu venu troubler le nostre ! […]
- Trousse bagage et vistement. […]
- Va-t’en dans Rome estaller
- Les biens qu’on t’a laissé voler.
Sources :
Les Mazarinettes
On qualifie ainsi les sept nièces du Cardinal. Mazarin les fait venir d'Italie, afin de les marier avec des nobles de haut rang et de nouer par ce biais des alliances politiques. Pour lever certaines réticences des maris putatifs pour mésalliance, le Cardinal prend soin de doter très généreusement ses parentes.
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A voir sur le blog : d'un cardinal à l'autre...
http://www.citons-precis.com/2019/08/richelieu.html
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