Attention danger ! Sujet scabreux.
Alors, pourquoi l'aborder dans un blog de si haute tenue ! Il y a une première raison : en tombant sur le mot eschatologie (qui met en réflexion des éléments de doctrine sur la fin du monde et le sort de l’homme après la mort), les lexicographes qui évoquaient le mot mettaient en garde sur la regrettable faute de goût et de français qui amenait certains à le confondre avec la scatologie. Au risque de faire désordre dans une conversation de salon ! Aucun rapport évidemment avec ce dernier terme qui "désigne des écrits ou des propos se rapportant aux excréments (le terme étant parfois utilisé par extension pour désigner a) des propos et des écrits grossiers, b) une plaisanterie basée sur le pipi-caca. Il est vrai que l'humour le plus grinçant exerce souvent son aiguillon aux dépens des contingenges humaines les plus dérisoires...Et comme rien de ce qui est humain ne saurait échapper au bloggeur en aphorismes, et qu'en cette matière (si l'on peut dire) les formules sont généralement empreintes de drôlerie, d'ironie et de dérision, il était tentant de s'y risquer !
Seconde raison, la scatologie contrevient utilement à la morale de la fable du bon La Fontaine (Les animaux malades de la peste) : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir". Là, aucun doute, dans ce domaine, chacun d'entre nous est placé sur un pied d'égalité, et à chacun ses besoins...
Cabinet, cabinets, WC, lieu d'aisance, commodités, toilettes, chiotte ou chiottes, autant de vocables pour désigner...le petit coin.
Dans l'Antiquité, la pratique des lieux communs ne s'appliquait pas qu'à l'art oratoire. Les latrines antiques multisièges entretenaient la conversation. On y disait du mal des absents, on y soulageait sa bile en même temps que ses entrailles. On y commentait les nouvelles et les augures, on y répandait des rumeurs et des bruits aussi intempestifs que malodorants.
Notre belle civilisation moderne, dans ce domaine comme dans d'autres, est gage au contraire de pudique solitude. On s'y retranche de la foule, on s'y repose, on y lit sur papier ou sur tablette, le sage y médite, l'opulent y calcule le prochain coup de bourse, l'artiste raté y tapisse les murs de ses graffitis graveleux et le populiste y cisèle ses insultes scatologiques avant d'en déverser le purin à plein tombereaux à la Chambre des députés.
Eh oui, c'est attesté, on trouve aussi des "gogues" chez les démagogues !
Daniel Confland
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Tags : scatologie - toilettes - WC - cabinets - fosse d'aisance - gogues - citations - aphorismes.
Cet article est paru une première fois sur le blog en septembre 2015. Cette version a été remaniée et complétée par de nouvelles citations.
Des aphorismes sur le thème
- Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines.
(Théophile Gautier)
- Bah ! C'eut été une belle mort. Il vaut mieux mourir comme ça qu'aux cabinets.
(Général de Gaulle, après l'attentat du Petit Clamart le 22 août 1962)
- Les trônes ont ceci de commun avec les baquets d'aisance que leurs usagers les souillent dès qu'ils s'y posent.
(Stéphane Beauverger)
- Les ennuis, c'est comme le papier toilette, on en tire un, il en vient dix.
(Woody Allen)
- Est-ce qu'il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ ? J'ai l'idée que ça n'aurait pas duré longtemps son truc s'il avait fait caca en public.
(Louis Ferdinand Céline)
- Etre au bout du rouleau : situation très peu confortable, surtout quand on est aux toilettes.
(Anonyme)
- Sans-papier : étranger qui évite les flics et les toilettes.
(Laurent Baffie)
- Tout de même, l'homme qui en rencontre un autre sortant des cabinets ne lui tend pas franchement la main.
(Jules Renard)
- Il ne faut pas rincer la coupe de l'amitié dans la cuvette des WC.
(Professeur Choron)
- Les toilettes a la turque sont les habits de l’Ottomane.
(Daniel Confland)
- Chieste : petit somme que l’on fait aux cabinets.
(Marc Escayrol)
- C'est aux toilettes que j'ai composé mes meilleures chansons.
(Paul Mc Cartney)
Henry Miller a écrit sur le thème
Résumé : À tous ceux qui se plaignent de ne pas avoir le temps de lire, Henry Miller fait quelques suggestions pleines de bon sens : lisez dans les transports en commun ou, mieux encore, aux cabinets! N'est-ce pas là un endroit calme où personne ne vous dérangera? Après tout, puisque nous sommes obligés d'y aller, pourquoi ne pas profiter au mieux du temps que nous y passons? Pourtant, à bien y réfléchir, ce n'est peut-être pas une si bonne idée…Miller s'invite dans notre intimité et se livre à quelques réflexions désopilantes en mêlant souvenirs et anecdotes sur les cabinets… de lecture.
Et, in fine, même les poètes s'en emparent !
Le Petit Endroit
vous qui venez ici dans une humble posture
de vos flans alourdies décharger le fardeau
veuillez quand vous aurez soulagé la nature
et déposer dans l'urne votre modeste cadeau
épancher dans l'amphore un courant d'onde pure
et sur l'hôtel fumant placer pour chapiteau
le couvercle arrondi dont l'auguste jointure
aux odeurs indiscrètes doit servir de tombeau.
Alfred de Musset.
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