Depuis plusieurs années, Raymond Devos travaillait à un nouveau livre d'humour et d'humeur fait d'aphorismes, de pensées, d'anecdotes et d'extraits de sketches inédits. Il noircissait à cet effet des petits carnets dans lesquels il consignait ses dernières trouvailles, ses réflexions, ses fulgrurances. C'est ainsi une sorte de testament comique que nous vous proposons. On y retrouve sons sens du mot, de l'absurde, des paradoxes, et une certaine visions de la condition humaine aussi juste qu''irrésistable.
https://www.livredepoche.com/livre/revons-de-mots-9782253124832
Raymond Devos, "né un pied en Belgique, un pied en France"
L'humoriste est en effet né à Mouscron le 9 novembre 1922, à cinq kilomètres de Tourcoing mais de l'autre côté de la frontière, de parents français qui omettent de le déclarer au Consulat de France; de cette situation qui restera toujours ambigüe, Raymond formulait une conséquence : "Voilà pourquoi je marche les pieds écartés !".
Ses parents subissent des revers de fortune qui les conduisent à revenir en France : le petit Raymond doit quitter l'école à l'âge de 13 ans, ce dont il restera marqué à vie et lui donnera cette soif de connnaissance qui constitue l'un de ses traits de caractère.
De ses parents, Raymond Devos -c'est son vrai patronyme- héritera le goût de la musique et des instruments. Son père joue du piano et de l'orgue, sa mère du violon et de la mandoline. L'un de ses oncles joue de la clarinette. Lui-même s'initiera au piano, à la flute, à la harpe et au concertina, instruments qu'il incorporera avec bonheur dans ses sketches.
Voulant à tout prix être artiste, il se forme au mime (rencontrant Marcel Marceau à cette occasion), prend des cours de théâtre, apprend le jonglage, l'équilibrisme sur monocycle. Ces compétences variées -ne le dit-on pas avec justesse "artiste de variétés" - e serviront naturellement quand il démarrera le one man show.
En attendant ce tournant dans sa carrière, il joue des pièces dans la compagnie de Jacques Fabbri, monte un trio puis un duo à base de chansons courtes. C'est au cours d'un arrêt à Biarritz de la Tournée Fabbri qu'il découvre le non-sens et l'absurde, et le parti qu'on peut en tirer dans l'humour. L'anecdote, qu'il raconte souvent, sert en effet de point de départ à l'un de ses sketches les plus célèbres : la mer démontée.
S'adressant à un maître d'hôtel, il s'enquiert : "je voudrais voir la mer, où se trouve-t-elle? ". L'homme aurait répondu : "Vous n'y pensez pas, elle est démontée :".Le dialogue se poursuit :" Et quand la remontera-t-on ?". On connaît la suite !
Devos commence alors à se produire dans des cabarets parisiens. Entre clown et jongleur de boules, entre musicien fantaisiste ou triste et funambule des mots et des non-sens, il enchante les foules. Ses sketches sont des poèmes en prose et des hymnes à la dérision.
Et si avec "trois fois rien, on peut s'acheter quelque chose..." : , ce n'est sûrement pas le talent car il en avait à revendre !
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Quinze aphorismes parmi ses meilleurs
Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter.
Vous savez, les idées elles sont dans l’air. Il suffit que quelqu’un vous en parle de trop près, pour que vous les attrapiez !
La grippe, ça dure huit jours si on la soigne et une semaine si on ne fait rien.
Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche. Quand l'un avance, l'autre veut le dépasser. Et moi, comme un imbécile, je marche !
Quand un homme ne dit rien alors que tout le monde parle, on n’entend plus que lui !
Quand j'ai tort, j'ai mes raisons, que je ne donne pas. Ce serait reconnaître mes torts !
On a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort !
Moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache ! Je veux en faire profiter les autres.
Moi, je fais attendre les gens pour leur faire passer le temps.
Si tu étais plus belle, je me serais déjà lassé. Tandis que là, je ne m'y suis pas encore habitué !
Je n’aime pas être chez moi. A tel point que lorsque je vais chez quelqu’un et qu’il me dit : “Vous êtes ici chez vous”, je rentre chez moi.
Je crois à l'immortalité et pourtant je crains bien de mourir avant de la connaître.
J'ai un ami qui est xénophobe. Il déteste à tel point les étrangers que lorsqu’il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter !
Une rengaine, c’est un air qui commence par vous entrer par une oreille et qui finit par vous sortir par les yeux.
Un jardinier qui sabote une pelouse est un assassin en herbe.
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