Mots-clefs : Clemenceau, Le Tigre, Grande Guerre, 1914-1918, Le Père La victoire, tranchées, soldats, poilus.
°°°
- Portrait de Georges Clemenceau par Edouard Manet, 1879, Musée d'Orsay, Wikipédia CC.
- Georges Clemenceau vers 1910 par Paul Nadar, Bibliothèque nationale de France, Wikipédia CC.
Des anecdotes sur Georges Clemenceau (1841-1929)
En 1896, Clemenceau installe son domicile parisien rue Franklin, à proximité de la Place du Trocadéro actuelle. Jouxte son appartement, un collège de jésuites. Environ un an après son arrivée dans les lieux : " le père supérieur lui envoya une lettre dans laquelle il expliquait qu'un arbre mort {du jardin de l'homme politique} faisait de l'ombre dans la cour de récréation du collège. Aussitôt Clemenceau fit abattre l'arbre. Le père supérieur lui écrivit un mot de remerciement pour lui avoir "redonné la lumière". Clemenceau, qui était un fin humoriste, répondit qu'il était heureux d'avoir ainsi ouvert le ciel aux jésuites, à quoi le père répondit " Puissiez-vous en nous ouvrant le ciel, vous être ouvert le Paradis". (1)
Le 19 février 1919, Clemenceau est dans sa limousine alors qu'il quitte son domicile de la rue Franklin. C'est alors qu'Emile Cottin lui tire dessus à plusieurs reprise, brisant la vitre de la voiture.
" Bientôt le médecin major Laubry, appelé au chevet de Clemenceau, arrive et constate que ce dernier a été atteint par trois balles dont l'une a "pénétré un peu de biais dans la région scapulaire droite [c'est à dire derrière l'omoplate], le trou d'entrée étant situé à proximité de la colonne vertébrale."
- Ce n'est rien, dit le Tigre, en regardant son pardessus troué.
Et il ajoute, à l'intention du père jésuite du collège voisin, accouru pour lui offrir ses services :
- Merci, mon père, mais je ne crois pas avoir besoin de vous cette fois encore. " Lorsque le médecin Laubry demande à son illustre patient s'il est d'accord pour qu'on lui extraie la balle logée à quatre centimètres de sa moelle épinière, celui-ci demande :
"- Puis-je vivre avec elle ?
- Pourquoi pas ? répond Laubry, son médecin.
- Alors, nous tâcherons de faire bon ménage." (2)
Le Père La Victoire vivra encore dix ans avec cette balle !
Clemenceau s'éteint le 24 novembre 1929 à son domicile de la rue Franklin. Il avait auparavant largement fait part de ses dernières volontés quant à ses funérailles :
"Je n'aurai pas d'obsèques bien entendu. Vous ne voyez pas Millerand avec sa Ligue, Poincaré avec sa serviette, en rang d'oignons derrière mon cercueil ? Je serais capable de revenir à moi. Pas de prêtre, surtout. Défense à tout curé d'approcher. Barrage à 300 mètres ... Au large ! Et pas de femmes qui pleurent. La Paix ! ... Et pas d'hommes non plus ! Je veux être enterré au Colombier à côté de mon père. Mon corps sera conduit de la maison mortuaire au lieu d'inhumation sans aucun cortège. Ni manifestation, ni invitation, ni cérémonie." (3)
Ce qu'il a exprimé par ailleurs en termes ramassés : " Pour mes obsèques, je ne veux que le strict minimum, c'est à dire moi."
Source (1) (2) (3) : http://mapage.noos.fr/hubert.demory/clemenceau.htm
Clemenceau et les races présumées inférieures
En cette deuxième partie du XIXème siècle, on est en plein dans la politique d' expansion coloniale de la France. Clemenceau, qui est un grand voyageur, met en avant la richesse des civilisations indienne et chinoise, ainsi que des traditions du bouddhisme et du confusianisme pour s'opposer à la thèse de Jules Ferry qui prétend justifier la colonisation par un : "droit {pour les races supérieures}, parce qu'il y a un devoir {...} de civiliser les races inférieures." (Discours de Ferry devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885). (1)
Clemenceau lui répond à l'Assemblée le 30 juillet :
" Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation. Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit. Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! [...] Je ne veux pas juger au fond la thèse qui a été apportée ici et qui n’est autre chose que la proclamation de la puissance de la force sur le Droit [...}" (2)
Source (1) et (2) : https://www.histoiredumonde.net/Georges-Clemenceau.html
Duel entre Paul Déroulède et Georges Clemenceau, le 21 décembre 1892, image parue dans la Berliner Illustrirte, Wikipédia CC.
Clemenceau et l'amour des animaux
Né à la campagne, "élevé sur un cheval" par son père médecin et cavalier émérite une grande partie de sa vie, Clemenceau a toujours vécu entouré d'animaux. A ce titre, et alors même qu'il ne voit dans la chasse qu'un loisir et un sport auquel il s'adonne avec ardeur, il défend avec ténacité la cause de la souffrance animale, considérant que "nos frères inférieurs" ont un Droit élémentaire à ne pas subir de violence.
"Cette position est notamment affirmée dans un article paru dans la Justice le 10 avril 1895, repris dans le Grand Pan et intitulé le Cinquième Etat. Le lendemain de la dramatique fusillade à Fourmies, le 1er mai 1891, Clemenceau, demandant à la Chambre l’amnistie générale pour les ouvriers, invente l’expression « Quatrième Etat » pour désigner la masse laborieuse, misérable, maltraitée et révoltée. Dans le même état d’esprit, il forge la formule « le Cinquième état », qui sert à caractériser « la troupe innombrable de nos collaborateurs d’en bas. " que sont les animaux, et dont les services rendus à l'Humanité sont innombrables. (1)
C'est aux chiens que Clemenceau voue une adoration particulière. Les siens (Dunley, Bernou, Bif, Flipotte, Kali) comme ceux de ses proches et de ses amis. Il aime à mélanger ces animaux lors de réunions familiales et amicales, suivre à distance leurs moments de vie et s'émeut de leur disparition comme s'il s'agissait des siens.
A partir de 1920, dans sa retraite de Saint Vincent sur Jard, Clemenceau continue de fréquenter chiens et chevaux, mais s'achète aussi des ânes pour tirer sa carriole. Une ânesse reçoit le nom de Léonie, qui est aussi celui de la maîtresse de Gambetta. Elle "succède à Henriette, prénom de la femme du Président Poincaré, Henriette la paresseuse et la rebelle qui s'obstine, à son grand désespoir, à ne pas vouloir apprendre à trotter. Le 7 mai 1820, Clemenceau plaisante de la chose et suggère à Léon Martin (son secrétaire) de lui payer un "professeur de trot."" (2)
En dehors de la chasse au gibier local, Clemenceau se laisse entraîner en 1921, lors d'un voyage en Inde, dans une chasse au Tigre. A ses amis, il narre "un coup surprenant (qui) tue un tigre en plein bond." Et comme il n'est pas dupe de la valeur de son exploit, il manie l'ironie : " Vous pensez bien que j’ai déjà pris des leçons de chasse au tigre. C’est très simple. J’ai un fusil et le tigre n’en a pas." "(3)
Source ; (1) (2) (3) Ces éléments sont extraits d'un article de Sylvie Brodziak paru sur le site : l'Année Clémenceau, Père La Victoire, 1918-2018 : http://www.clemenceau2018.fr/a/56/le-tigre-et-les-animaux-clemenceau-et-le-cinquieme-etat-/
Un florilège de citations du Tigre, et d'autres infos...
Il suffit au lecteur de se reporter par un clic à l'article précédent du blog Citons-precis.com/citations, en février 2016, sous le titre :
A travers ses citations, Georges Clémenceau, le Père La Victoire : un homme d'humeur et d'humour!
°°°
°°°