Tags : gourmandise - goinfrerie - gloutonnerie - envie.
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La gourmandise, vilain défaut ?
Daniel Confland
La gourmandise est l'un des sept péchés capitaux. Certes ils sont en tout un excès : excès d'abandon de soi pour la paresse; excès de chair pour la luxure, excès de possession pour l'avarice et la jalousie, de bile pour la colère. excès du Moi pour l'orgueil.
Mais en quoi la gourmandise serait-elle un excès. Sauf à la confondre avec la gloutonnerie ou la goinfrerie. Fort à propos, gourmandise et gloutonnerie, jusque là à peu près confondus depuis le XIIIème siècle se séparent au XIXème dans la la terminologie usuelle. En fait, sans aller jusqu'au dogme absolu, ce que la religion et la morale reprochent à la gourmandise c'est de vouloir manger avant de manger, de vouloir consommer avant de consommer : c'est le désir ! L'excitation du goût avant de goûter.
La gourmandise se définit donc généralement par l'envie de consommer des aliments agréables ou dont l'imagination suppose qu'ils vont l'être. Mais la gourmandise peut exciter d'autres envies de consommer : ainsi, la gourmandise pour la copine de son meilleur ami excite le désir, d'autant mieux si l'on sait que la friandise est hors de portée.
En toutes choses, le gourmand n'est pas forcément gourmet quand il passe à l'acte de consommer. Le gourmand n'est pas non plus avide a priori car l'avidité n'est que le trait permanent du glouton, avant et après qu'il consomme.
La gourmandise n'entretient aucun rapport avec le poids ou le surpoids : il y a des poussahs poussifs et des malingres hâves parmi les gourmands. L'on a pu dire que le baiser est une gourmandise qui ne fait pas grossir.
Plus qu'un besoin a satisfaire expressément, la gourmandise est une anticipation, une suggestion, une curiosité, une dilection sensuelle. Elle est patience dans l'impatience. L'on dit que le meilleur moment pour consommer l'acte de chair est celui qui a lieu quand on monte l'escalier. Pareil pour la gourmandise : une extase de l'esprit et des sens, sans le sexe. Si elle est péché, il ne saurait être que véniel ou...mignon, comme le filet du même nom !
Tags : gourmandise - goinfrerie - gloutonnerie - envie.
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Parmi les citations
- Gourmandise, paresse, luxure, ce sont les trois vertus cardinales, les vertus de la Fête. Le Paradis sur terre.
(Jean-Louis Bory)
- La gourmandise est l'apanage exclusif de l'homme.
(Jean Anthelme Brillat-Savarin)
- La gourmandise est ennemie des excès.
(Jean Anthelme Brillat-Savarin)
- La gourmandise réside dans l'exquise délicatesse du palais et dans la multiple subtilité du goût, que peut seule posséder et comprendre une âme de sensuel cent fois raffiné.
(Guy de Maupassant)
"De toutes les passions, la seule vraiment respectable me parait être la gourmandise." (Guy de Maupassant)
- La gourmandise est une grâce chez les femmes.
(Honoré de Balzac)
-J'estime que la gourmandise est une chance dans la vie.
(Catherine Deneuve)
- Tout le monde a une faiblesse. La mienne c'est la gourmandise.
(Salma Hayek)
-La gourmandise est la jouissance des vieillards.
(Mademoiselle de Sommery)
-Les adultes ont accès à mille sortes de voluptés, mais pour les enfançons, il n'y a que la gourmandise qui puisse ouvrir les portes de la délectation.
(Amélie Nothomb)
"Les liens de la gourmandise retiennent plus que tous les autres et l'on prend souvent un mari à l'appât d'une bonne table. ( Robert Julien Courtine)
- La gourmandise vide les poches.
(Proverbe allemand)
- La gourmandise tue plus de gens que l'épée.
(Proverbe français)
- Le paysan meurt de faim et son maître de gourmandise. (Proverbe polonais)
- Je suis entrée dans le monde du vin sans autre formation professionnelle qu'une gourmandise certaine des bonnes bouteilles.
(Colette)
- La gourmandise, ce sont les aliments de bouche, du coeur ou de l'esprit sublimés par l'attente et le désir.
(Daniel Confland)
- Image 1 : " La gourmandise commence quand on a faim." (Alphonse Daudet)
- Image 2 : " "Un baiser est une gourmandise qui ne fait pas grossir." (Alistair Stuart MacLean)
(laissez défiler quelques secondes entre les deux images)
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Source : CNTRL, Centre National de recherches textuelles et lexicographiques du CNRS
Le verbe a subi, comme toujours dans la vie d'une langue, des évolutions de sens ou/et de forme. Ici, le sens s'est transformé au fil des siècles : il est attesté dès 1330 dans le sens (1) de "manger goulûment". On note ensuite les emplois (2) tourmenter, tyranniser, nuire à son corps, traiter durement un cheval, ou encore dominer ou non ses passions (Molière), et réprimander avec dureté (d'Aubigné). Dérivé du mot gourmand, le sens 2 viendrait du sens 1 : dévorer avidement, et de l'influence probable et proche sémantiquement du verbe gourmer, qui signifie déchirer.
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