Avant la grande explosion de l'univers, il n'y avait rien, le néant, et ce rien était le tout, le vide, l'absence. Ensuite, il y a eu le monde, le fruit du hasard, sans doute, et le début de l'histoire, et l'espace et le temps qui nourrissent l'histoire. C'est ce monde que nous appelons Dieu, selon Jean d'Ormesson. Dieu a créé notre espace et notre temps, il a donné un but, un sens à la vie et au monde, une force qui vient non du hasard mais de la nécessité. Ce qui implique aussi notre finitude et probablement celle de notre monde, à plus ou moins long terme. Dieu a créé les hommes et les femmes, et les humains ont engendré la souffrance et le mal. Ainsi, Dieu est une épreuve pour les humains et le monde, mais il est aussi une espérance. Qu'il existe ou non, l'on doit croire qu'il y a autre chose au delà de rien, au delà du néant. Et c'est cette force métaphysique en laquelle croit Jean d'Ormesson. Qu'il appelle Dieu par commodité, et lorsqu'il se décrit, en maniant l'oxymore, comme un agnostique catholique.
DC
Jean d'Ormesson (1925-2017), normalien et agrégé de philosophie est un écrivain, philosophe et journaliste. L'Académie Française l'a accueilli en son sein en 1973.
Tags : Jean d'Ormesson, écrivain, littérature, philosophie, Dieu, agnostique, citations.
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Les citations : le Big Bang, le tout, le rien et...Dieu
- En face et à la place d'un hasard aveugle et d'une nécessité qui seraient surgis de nulle part, une autre hypothèse, tout aussi étrange et à peine plus absurde, mais peut-être plus rassurante, en tout cas plus romanesque et largement répandue, met au cœur du Big Bang ce mélange de tout, de rien et d'éternité que nous avons pris l'habitude d'appeler Dieu.
- Dieu, hors du temps et du monde, n'est rien d'autre que rien. Mais comme ce rien, avant l'explosion primordiale, constitue le tout, Dieu se confond aussi avec le tout.(...) Il est d'abord le vide. l'absence et le refus du monde et du temps.
- Depuis le Big Bang, tout commence à mourir à l'instant même de naître. L'univers n'est qu'un élan vers l'usure et la mort.
- Dans une éternité et un infini qui sont fermés à jamais aux êtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le néant et pour le tout.
- Dans le néant infini de Dieu -comme dans le néant de la mort pour chacun d'entre nous-, il n'y avait ni espace ni temps. Le coup de génie de Dieu est d'avoir créé l'espace et d'avoir créé le temps.
- Dieu (est le) personnage principal du formidable roman sur rien qu'est la naissance du monde. Qu'est-ce qui a bien pu pousser Dieu à faire sortir notre tout de ce tout primitif qui se confondait avec rien ? Pourquoi y a-t-il quelque chose au lieu de rien ?
- Je trouve que si Dieu n'existe pas, la vie est une farce tellement tragique qu'il faut espérer à tout prix qu'Il existe.
- Les hommes sont un peu comme Dieu : tout ce qu'ils peuvent faire, ils le font. Ou ils le feront. Le faire et les mots : le legs des hommes.
- La seule façon pour Dieu de s'exonérer d'une responsabilité écrasante, c'est de ne pas exister. On peut pardonner à Dieu s'il n'existe pas. S'il existe, je crains qu'il ne faille trop souvent le maudire.
- L'immense avantage de Dieu, qui est si peu vraisemblable, est de donner au monde, invraisemblable lui aussi, une espèce de cohérence et quelque chose qui ressemble à l'espérance. Sous l' œil et sous la main de Dieu, l'histoire incompréhensible sans Dieu, cruelle et paradoxale avec lui, prend un semblant de sens.
- Peut-être peut-on être optimiste parce qu'on a le droit d'espérer que Dieu existe.
- Nous ne pouvons nous faire une idée de ce qui est possible et de ce qui est impossible. Si l'univers est le fruit du hasard, si nous ne sommes rien d'autre qu'un assemblage à la-va-comme-je-te-pousse de particules périssables, nous n'avons pas la moindre chance d'espérer quoi que ce soit après la mort inéluctable. Si Dieu, en revanche, et ce que nous appelons -à tort- son esprit et sa volonté sont à l'origine de l'univers, tout est possible. même l'invraisemblable. D'un côté la certitude de l'absurde. De l'autre, la chance du mystère.
- Il me semble impossible que l'ordre de l'univers plongé dans le temps (...) soit le fruit du hasard. Du coup, le mal et la souffrance prennent un sens -inconnu de nous, bien entendu, mais malgré tout un sens. Du coup, je m'en remets à quelque chose d' énigmatique qui est très au-dessus de moi , et dont je suis la créature et le jouet (...) Je me fais une idée de Dieu dont je me demande d'où elle pourrait bien venir s'il n'y avait pas de Dieu.
- Il est impossible aux hommes de connaître Dieu qui n'appartient pas à ce monde, qu'il a tiré de rien. Ils ne peuvent ni l'imaginer ni le concevoir. Ils ne peuvent se faire une idée de lui qu'à travers les hommes.
- C'est comme ça : pour les hommes au moins, Dieu n'est rien sans les hommes. Si vous voulez aimer Dieu, il faut aimer les hommes.
- Le science, la morale, l'histoire se passent très bien de Dieu. Ce sont les hommes qui ne s'en passent pas.
- Dieu est dans la nature sur le mode de l'absence, et il est hors de la nature sur le mode de la présence. Dieu est caché partout, mais il règne au-dessus de nous dans ce que notre ignorance appelle le vide, le néant et le rien.
- Toute mort est un mystère parce que toute vie est un mystère.
- J'ai aimé Dieu, qui n'est rien aux yeux des hommes qui ne sont rien. Je n'ai détesté ni les hommes ni les femmes. Et j'ai aimé la vie qui est beaucoup moins que rien, mais qui est tout pour nous.
- Je suis, à ma façon, un amateur d’histoire, un spectateur du bon Dieu (…) Je suis une espèce d’agent secret de Dieu.
Note : Plusieurs de ces citations sont issus du livre de Jean d'Ormesson : "Comme un chant d'espérance", paru en 2014 aux éditions Héloïse d'Ormesson.
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