Comme souvent, l'origine de l'expression prête à interprétation. Une chose est sûre, néanmoins : elle remonte au XVIIIème siècle. A l'époque, lever le camp s'exprime aussi par le terme vulgaire de "foutre", ou de "ficher", au sens d'un abandon de la place. Ficher, c'est le synonyme de "planter", et quand on abandonne le camp on le laisse l'endroit à l'immobilité de la plante. Certains ajoutent qu'on "fichera" un témoin dans le sol pour marquer l'endroit. Enfin, l'expression a dérivé vers le sens commun d'aujourd'hui : partir précipitamment. A noter que la formule "Il m'a planté là !", bien actuelle, est bien en rapport avec l'idée de fuite qu'inférait le verbe "ficher" au XVIIIème siècle.
Daniel Confland
L'une des sources : https://www.expressio.fr/expressions/foutre-ficher-le-camp
On en parle avec des citations
- Quand la morale fout le camp, le fric cavale derrière.
(Jacques Prévert)
- Si le siège de Paris a lieu (ce que je crois maintenant), je suis très résolu à ficher mon camp avec le fusil sur le dos.
(Flaubert, correspondance)
- L'écriture de M. Dandillot se défaisait, fichait le camp de toutes parts : cadavre d'écriture.
(Henry de Montherlant, Pitié Femmes)
- Mais, non de Dieu ! mon garçon, foutez-donc le camp !
Merci, l'ancien ! On va tâcher.
(Jules Vallès, L'insurgé)
− Alors, je souffre trop ici, je m'en vais.
C'est ça, fichez le camp, bon voyage !
(Zola, Terre)
- Tout fout le camp, les pavés de 68 servent de presse-papiers dans les multinationales.
(Régis Hauser, Les murs se marrent)
- Monsieur, dans votre famille, on fout le camp ; dans la mienne, on prend congé.
(Marcel Pagnol, Topaze)
- Un jour, on ne peut plus dire à l'autre qu'il est beau, parce que l'amour a foutu le camp et que l'on n'est plus désirable.
(Jean-Claude Izzo)
- Ils sont tellement en dehors de tout, malgré leur haine des Allemands et le désir ardent qu’ils ont de les voir foutre le camp. Alexis en parle avec une violence !
(Elsa Triolet)
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Parmi les sources :
https://www.etaletaculture.fr/histoire/anecdote-historique-lorigine-de-lexpression-tout-fout-lcamp/
https://cnrtl.fr/definition/ficher//2
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"Eh ! la France, ton café fout le camp."
C'est la célèbre apostrophe prêtée à la Comtesse Du Barry, fausse noble et prostituée dans sa prime jeunesse, et élevée en 1768 au rang de favorite royale par Louis XV. La Du Barry était réputée (et moquée à la Cour) en raison de son langage peu châtié et très familier envers son royal amant. Jusqu'à l'affubler de ce surnom, La France, fort peu aristocratique.
Un jour qu'il préparait lui-même son café pour le petit déjeuner, tâche dont il est attesté qu'il était coutumier, la maîtresse du roi s'aperçut que le breuvage bouillant était en train de déborder. D'où cette phrase à l'emporte-pièce.
...Dont il n'est pas sûr, loin de là, qu'elle soit véridique, bien que rapportée dans un ouvrage de 1775 publié sous la plume de Pidansat de Mairobert et sous le titre : Anecdotes sur la comtesse du Barry.
Il est plus plausible que la Comtesse se soit adressée en cette circonstance à un simple valet du roi, natif d'Ile-de-France.
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