Zélateur partisan ou zélateur prosélyte, zélote fanatique, tous les noms dérivés du zèle témoignent d'un excès dans la défense d'une personne ou d'une cause. Mais les moines, les contemplatifs, les adeptes du développement personnel, qui mettent toute leur énergie - leur zèle - au service de leur foi ou de leur épanouissement comme individu, ont organisé leur propre norme du zèle et ne sont généralement pas dans l'apologie de leur comportement.
On connaît en société d'autres formes du zèle et les plus répandues : celles qui s'exercent dans l'accomplissement des tâches, le zèle au travail. On ne dira pas d'un maître-charcutier qu'il est zélé, précisément parce qu'il est son propre maître. Mais son employé sera jugé à l'aune de son zèle : insuffisant, il pourra entraîner des conséquences néfastes sur ledit employé, ou donner matière à récompense.
Qu'en est-il alors des "autres", ceux qui contemplent le zélé dans son zèle de tous les jours ? Eh bien, ils le moquent, ou le maudissent car il rompt le cadre de l'organisation au travail, qui se fonde sur le normatif et la régulation. Pour cette raison, les heures supplémentaires ne sont pas bien vues des syndicats, puisqu'elles contrarient cette barrière au zèle que sont les 35 heures. De même pour le management par objectifs qui tend à promouvoir le zèle et la compétition.
L'avancement au mérite n'a pareillement pas la cote, par rapport à l'avancement à l'ancienneté, et c'est peu dire que ce dernier ne favorise pas le zèle. Sauf pour ceux qui veulent plaire au supérieur hiérarchique, soit parce qu'ils ont de l'ambition, soit que par tempérament ils aiment se mettre en avant ou se complaire dans la flatterie systématique.
Mais pourquoi diable le zèle ne pourrait-il pas être une qualité ? Si l'on veut bien l'assimiler à l'exercice sans effort d'une compétence, à l'efficacité optimale dans une tâche, sans vanité particulière ni flagornerie hiérarchique. En somme, à l'ardeur au travail, qui est censée révéler les meilleurs. A ce trébuchet, le zèle s'apparente à l'assaisonnement en cuisine : s'il n'en faut pas trop, il en faut assurément assez !
Daniel Confland
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Les citations : le zèle, qualité ou défaut ?
(André Comte-Sponville)
- Le zèle se pratique aveuglément ou à mauvais escient quand il empiète sur les droits d'autrui.
(Pasquier Quesnel)
- Zèle, se dit d'un collaborateur dont on ne peut rien dire d'autre.
(Pierre Daninos)
- Le zèle des amis est parfois plus néfaste que la haine des ennemis.
(Schiller)
- Un caractère fort qui s'abaisse va toujours plus loin dans le zèle qu'un faible qui n'a pas à battre monnaie de son abnégation.
(François Mitterrand)
- N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages n’en aient pas ?
(Voltaire)
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