L'expression, qui signifie "prouver son identité, sa bonne foi, faire preuve d'honnêteté", remonte à La Fontaine et à la fable XV du livre IV : Le loup, la chèvre et le chevreau.
L'argument tient en ceci : une chèvre, qui doit s'absenter du logis et laisser son biquet seul, lui recommande de n'ouvrir à personne et surtout pas au loup qui rode dans le voisinage; quand elle reviendra, elle se fera reconnaître au moyen d'un mot de passe : "Foin du loup :", quelque chose comme "Peste du loup ! : soit une marque totale de mépris.
Gardez-vous, sur votre vie,
D'ouvrir que l'on ne vous die,
Pour enseigne et mot du guet :
Foin du loup et de sa race !
Le chevreau rassure sa mère, mais le loup qui passait par là a tout entendu. Il se présente prestement devant la porte une fois la mère partie, et prononce le mot de passe requis. Mais ;
Le biquet soupçonneux par la fente regarde :
« Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point, »
S'écria-t-il d'abord. (Patte blanche est un point
Chez les loups, comme on sait, rarement en usage.)
Confus et regardant ses pattes foncées, le loup dépité s'en retourne chez lui.
La Fontaine conclut sa fable avec cette morale dont le premier vers est passé dans le répertoire des dictons :
Deux sûretés valent mieux qu'une,
Et le trop en cela ne fut jamais perdu.
Parmi les sources : https://www.lalanguefrancaise.com/expressions/montrer-patte-blanche
Pour consulter l'intégralité du texte de la fable, se reporter notamment à :
https://www.poesie-francaise.fr/jean-de-la-fontaine/fable-le-loup-la-chevre-et-le-chevreau.php
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On trouve aussi une référence à la "patte blanche" comme preuve d'identité dans le conte des frères Grimm issu du folklore allemand "Le loup et les sept chevreaux" (paru en allemand en 1812). Dans ce conte, maman chèvre met également en garde sa progéniture contre le loup, reconnaissable à sa grosse voix et à ses pattes noires. S'ils lui ouvrent pendant son absence, ils seront mangés à coup sûr. Un loup se présente en effet alors que les chevreaux sont seuls. Trahi par sa grosse voix, les chevreaux n'ouvrent point. Ayant avalé de la craie pour adoucir son organe, le loup revient, mais il met sa patte noire sur le rebord de la fenêtre et, démasqué, repart bredouille. Nullement découragé, le loup se fait enduire la patte de farine par le boulanger du village et revient à la charge, voix douce et patte blanche. Convaincus cette fois qu'il s'agit de leur mère, les chevreaux ouvrent et se font dévorer, à l'exception du septième qui a réussi à se cacher.
De retour, et avertie du massacre par le rescapé, la mère aperçoit le loup à proximité : repu, il dort; elle voit alors ses chevreaux qui gigotent encore dans le ventre du prédateur : elle les libère à l'aide d'une paire de ciseaux, remplit la panse de cailloux et referme. Quand le loup se réveille, il va de désaltérer au puits, mais alourdi par les pierres, y tombe et se noie. Ce qui vaut force chants et danses chez la famille caprin !
Illustration : due probablement à Carl Offendinger, dans "Le loup chez le boulanger", photo : Harke, Wikipédia CC.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Loup_et_les_Sept_Chevreaux
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