Avant la République démocratique du Congo (RDC) : le Congo belge, "propriété" du roi Léopold II

L'Actualité : la RDC en proie à une guerre dans la province du Nord-Kivu. (Voir ci-dessous la partie annexe de cet article).

L'époque coloniale : l'histoire du Congo belge, d'abord "propriété" du roi Léopold II

Deuxième Roi des Belges, Léopold II, né de Saxe Cobourg Gotha, et par sa mère petit-fils de Louis-Philippe, est né le 9 avril  1835 et décédé le 17 décembre 1909. C'est au départ un homme de haute taille et dégingandé, mais il prendra ensuite beaucoup de poids comme le révèlent ses photos officielles.

Ce roi entraînera la Belgique sur la voie du progrès en faisant voter de nombreuses lois sociales et des mesures renforçant la démocratie. C'est aussi un "Roi bâtisseur", comme on le désignera, qui introduit la modernité architecturale à Bruxelles comme dans beaucoup d'autres villes du royaume.

Mais le monarque s'est aussi lancé, à titre personnel, dans l'exploration - grâce aux expéditions de Henry Morton Stanley - puis dans l'exploitation - des richesses de la partie centrale de l'Afrique, le Congo. Dans cette zone de bientôt 2,5 millions de km², on trouve notamment, en effet, la matière première du caoutchouc, dont l'industrie automobile est friande, et de l'ivoire. Pour favoriser l'entreprise coloniale qu'il projette, le roi crée d'abord en 1879 l'Association internationale du Congo (AIC), à partir des travaux géographiques d'experts. En 1884/85, lors de la Conférence internationale de Berlin qu'il préside, Léopold parvient à faire avaliser au profit de l'AIC la souveraineté sur "l'Etat indépendant du Congo" (EIC). Dans la foulée, il obtient du Parlement belge la possibilité de cumuler deux fonctions : celle de roi des Belges et de roi...du Congo, à la tête de l'Etat indépendant" du même nom. 

Désormais, Léopold a les mains libres pour exploiter personnellement son second royaume. Mais les conditions de cette exploitation coloniale ne tardent pas à être critiquées puis dénoncées. Alors que la Conférence de Berlin avait donné son accord au projet sous réserve qu'il soit mis fin à l'esclavage, celui-ci semble au contraire empirer. Le travail forcé se ferait de façon inhumaine et les exactions comme les exécutions en nombre seraient monnaie courante. A tel point qu'avec le temps, les milieux intellectuels et l'opinion internationale s'en émeuvent et demandent des comptes.

Sous la pression, les politiciens belges mettent en place une Commission d'enquête en 1904. Elle met en effet en évidence les conditions inhumaines du travail forcé indigène, et des massacres de la part des sociétés concessionnaires mandatées par les représentants de Léopold, sans pour autant leur imputer la survivance de l'esclavage. Même si la nature et le niveau des exactions commises sont soumis à controverse chez les historiens, l'issue des travaux de la commission ne fait aucun doute : Léopold II doit renoncer à son titre de roi du Congo ainsi qu'à sa souveraineté personnelle sur ce territoire. (*) Enfin, en 1908, la Belgique procède à l'annexion de ce qui devient le Congo Belge. (**) Dès lors, le roi ne joue plus aucun rôle dans l'exploitation du Congo. 

Daniel Confland

(*) L'écrivain Mark Twain estimait le nombre des morts indigènes à 10 millions du fait de la colonisation léopoldienne.

(**) Après plus de 50 années sous administration belge, le Congo accède en 196O à l'indépendance sous le nom de "République démocratique du Congo".

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A gauche, carte du Congo belge divisé en 6 provinces de 1935 à 1960, au centre la division administrative actuelle avec les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu à l'est, à droite, carte géographique avec les villes principales, dont Goma au Nord-Kivu, sources : Wikipédia CC.

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L'Actualité : la RDC en proie à une guerre dans la province du Nord-Kivu

Indépendante depuis 1960, La République démocratique du Congo est en effet en butte depuis des décennies à des milices, plus ou moins ouvertement soutenues par ses voisins du Rwanda et aussi du Burundi et de l'Ouganda (ce qu'ils démentent mais que des preuves onusiennes attestent). En fait, avant et depuis l'indépendance, les conflits n'ont pas cessé de part et d'autres des frontières sur une base inter ou intra-ethnique et dans un contexte de litiges fonciers. Ces conflits se sont accompagnés de déplacements de population incessants, notamment du aux tutsis, déplacés pour une part après le génocide qui les a frappés au Rwanda, en 1994. Des alliances réversibles se sont formées entre ces groupes et leurs milices. 

Le gouvernement congolais, lui-même, confronté depuis le début à d'autres rebellions provinciales (le Katanga et le Sud-Kasaï en 1960/61) et à des luttes de pouvoir intestines, n'est pas parvenu ou n'a pas vraiment cherché à pacifier les choses, et la population du Nord-Kivu, dont les "immigrés" tutsis ou d'autres ethnies, s'est jugée mal considérée par le pouvoir central., entraînant de nouvelles révoltes ouvertes ou larvées, mais toujours soutenues par le Rwanda et ses alliés.

Après le 23 mars 2009, date d'une paix mal appliquée entre les différentes parties prenantes, une milice nouvelle, le Mouvement 23 (M23), s'est constituée qui a pratiquement remplacé le pouvoir de Kinshasa. Elle assiège actuellement Goma, la capitale du Nord-Kivu. Elle se serait rendue coupable de nombreuses exactions à l'endroit des populations civiles de la province.

Aux accusations d'ingérence de la RDC, les rwandais répliquent en accusant le pouvoir congolais de soutenir des opposants armés au Rwanda. Une revendication territoriale sous-jacente des rwandais sur le nord-est de la RDC compliquerait les efforts de conciliation car, à l'époque des royaumes africains précoloniaux, cette partie du territoire aurait appartenue à un Rwanda "élargi". La mise au jour des énormes ressources minérales de la RDC ne seraient pas non plus pour rien dans l'aide et la convoitise de ses voisins.

La RDC, un pays qui compte en Afrique et riche en matières premières.

La RDC, dite aussi Congo-Kinshasa, du nom de sa capitale, qu'il ne faut pas confondre avec la République populaire du Congo (dite aussi Congo-Brazzaville pour la même raison), est un pays du centre de l'Afrique de plus de 2.300.000 km²; il est aussi le deuxième pays le plus peuplé du continent avec une population dépassant les 100 millions. Le Président de la RDC depuis 2019 est Félix Tshisekedi. (Au Rwanda, c'est Paul Kamabe qui tient les rênes depuis 2000).

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