Question suivante…
Dans une cave obscure des instruments terribles
Pour tortures raffinées qu’on nommait la Question
Ce jour, on écartèle un bougre forcément pauvre
Avouez ! crie le bourreau, comme on vous le demande
Mais je ne vois pas quoi, murmure le supplicié.
Il implore : vous pouvez répéter la question ?
Le bourreau s’exécute et la Question reprend…
Daniel Confland
Image du poème pour les réseaux sociaux.
Les citations
Il faut dire un mot de la torture, autrement nommée question, c'est une étrange manière de questionner les hommes.
On a dit souvent que la question était un moyen de sauver un coupable robuste, et de perdre un innocent trop faible.
Zoom sur la Question
A la fin du Moyen-Age et sous l'Ancien Régime, la torture -autrement dit la Question- s'inscrit dans un système judiciaire dit inquisitorial et de "preuves légales". Ce système accorde certes une place aux indices, éléments de preuve matériels et témoignages à charge contre l'accusé. Mais il ne les juge pas toujours suffisants. D'où le recours à la Question, cette "preuve suprême". Paradoxalement, un tel dispositif judiciaire est en théorie destiné à garantir à l'accusé un traitement équitable, face à une supposée partialité des juges, et à un moment de l'histoire où la science judiciaire est encore pour le moins balbutiante.
La Question se pratique en deux étapes : la Question préparatoire, en vue d'obtenir des aveux, puis la Question préalable ou définitive, dont le but est de rechercher des complices éventuels à l'auteur présumé du crime.
A coup d'ordonnances royales successives, le Pouvoir encadre et délimite le champ d'action de la Question pour en diminuer les excès. En sont par exemple exclus en fin de compte les vieillards, les enfants, les femmes enceintes. De surcroît, en particulier au XVIIème et début du XVIIIème siècles, la Question est loin d'être administrée à tous les accusés. On évalue ainsi le nombre des "assujettis" à un sur 10 "seulement". Suprême garantie, d'autre part, ou élément d'humanité dans ces traitements inhumains, la présence d'un médecin est requise lors des interrogatoires, afin de s'assurr que l'accusé restera en vie tout au long. Un échec de cette mansuétude restant malheureusement toujours possible !
Les modes opératoires de la Question diffèrent selon les régions françaises mais leur panoplie reste étoffée au fil des époques : brodequins, écartèlement, dislocation au gourdin, supplice de la roue, supplice de l'eau, empalement, chaise à clous, l'inventivité fut sans limite.
Progressivement, cependant, la validité des preuves recueillies par la police s'impose. Ce qui rend la Question moralement injustifiable et judiciairement inutile.Sans doute pénétré de l'Esprit des Lumières, et alors que le supplice par l'électricité n'a heureusement pas encore fait son abominable apparition, le roi Louis XVI abolit les deux "Questions", peu avant le déclenchement de la Révolution.
Pour en savoir plus :.
D'autres citations...
La question, c'est la torture. Pourquoi la remettre en question? On ne torture pas la torture, on ne questionne pas la question.
Si Louis XVI eût aboli la peine de mort, comme il avait aboli la torture, sa tête ne serait pas tombée.
La torture interroge, et la douleur répond.
Les chiffres sont comme les gens. Si on les torture assez, on peut leurs faire dire n'importe quoi.
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