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Un premier article sur ce thème est paru en mars 2016. On le trouve ci-dessous explicité, remanié et complété. L'pn pourra s'y reporter pour prendre connaissance d'un bref article sur l'histoire du Salon du Livre.
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Il y a des grands livres, des bons et des mauvais qu'on a lus et des bibliothèques pompeuses qui accueillent les verticalités figées des ouvrages qu'on ne lira jamais.
Il y a les livres à grand tirage - désormais souvent les plus faciles - et les livres ardus de moindre renommée voués au pilon.
Il y a les "premiers livres" qui passent la rampe du succès et les derniers titres des plumitifs connus, dont le talent s'est tari avec le temps mais qui tirent inlassablement à la ligne et vendent encore sur les décombres de leur gloire fânée.
Il y a les best-sellers des politiciens et des people, sur lesquels comptent et recomptent les éditeurs pour compenser le manque à gagner des quelques livres de littérature vraie sur lesquels ils mettront quelques sous de communication.
Il y a des concours de beauté de l'écriture - les Prix - , qui assurent aux lauréats le confort et l'aisance de la notoriété, fut-elle passagère.
Il y a des Libraires, commerçants eclairés, et les vendeurs de littérature de gare.
Il y a un artisanat et une industrie, Il y a le papier et l'encre, et puis Internet, qui déstabilise la chaîne du livre, renverse les positions acquises, fait le jeu des concentrations comme des champions du numérique.
Il y a les mots des livres : " Ecrire, c'est ranger le bordel des mots qu'on a dans la tête " a dit quelqu'un.
Et il y a la Langue, la Nôtre, qui dépérirait sans les mots, leur vibrionnante et inépuisable combinatoire, nourrie à la semence de l'imaginaire.
Ces quelques citations, pensées profondes ou légères broderies ironiques viennent nous en parler.
DC
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Il n'est pas nécessaire qu'un auteur comprenne ce qu'il écrit. Les critiques se chargeront de le lui expliquer.
Il n'y a vraiment que deux choses qui puissent faire changer un être humain : un grand amour ou la lecture d'un grand livre.
Quand je pense aux livres de chevet de certains de mes amis, je me demande comment ils font pour se réveiller.
Les grands écrivains n'ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens, mais pour imposer la leur.
Un grand écrivain se remarque au nombre de pages qu'il ne publie pas.
L'imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui permettre d'écrire.
C'est joli, le progrès ? Demain, quand on offrira un livre à un gamin, il le tournera dans tous les sens pour savoir où il faut mettre les piles.
On doit publier ses œuvres posthumes de son vivant. Ne serait-ce que pour voir l'effet que ça fait.
Goncourt : Gens qui, “à tout prix”, voulaient laisser leur nom dans les Lettres.
L'art de l'écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu'il emploie des mots.
Il existe deux causes à la mévente d'un livre : qu'il soit mauvais, qu'il soit trop bon.
Quand l'intrigue se dévoile...
Même publié chez Gallimard, il est fréquent que toute l’intrigue d’un roman se dévoile dès la première phrase, ainsi : « Au bout de trente piges où il n’en finissait pas de vivre à la colle avec sa rombière, il n’en avait plus rien à cirer de faire reluire bobonne ! ». Dès ces quelques lignes, il est en effet évident d’imaginer un couple à la dérive auquel plus rien de bon ne peut arriver désormais…
DC
Et quelques autres...
Et pour finir sans conclure, le travail de l'écrivain
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Eric-Emmanuel Schmitt
Je viens juste de terminer le livre épatant de cet auteur : "L'évangile selon Pilate" (Albin Michel, 2000). Comme il est en est coutumier, Eric-Emmanuel Schmitt parsème le livre de formules ciselées, que le contexte dans lequel elles baignent n'empêche pas qu'elles " tiennent debout toutes seules". Ce qui est le signe des vrais aphorismes, ces "ponctuation de la pensée", comme je j'aime à les dénommer.
- "Lorsque j’écris, je fais l’expérience d’une altérité. Je suis autant scribe qui écoute qu’écrivain qui crée. J’aborde un infini, un univers sans bornes…Seules les limites m’appartiennent en propre."
- "Ecrire contraint de s’interroger."
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Jules Renard
"Ecrire, c'est une façon de ne pas être interrompu."
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