Les citations ci-dessous sont tirées d'un article du journal l'Obs, La boîte à gifles des écrivains : les pires insultes de l'histoire littéraire (*), paru le 13 septembre 2010 sous la plume de Grégoire Leménager. L'auteur y commente et rapporte des extraits du livre de Pierre Chalmin : "Ta gueule Bukowski ! Dictionnaire des injures littéraires" (l'Editeur, 2016. 700 pages).
Grégoire Leménager invite le lecteur à s'emparer du livre avec précaution; on le cite : "Dans ce festival de vannes rassemblées par Pierre Chalmin, on ne croise pas que des gens sympathiques : un bon mot peut révéler courage et lucidité, mais aussi des idées à vomir, où l'homophobie et la mysoginie le disputent à l'antisémitisme."
Dans l'article, l'auteur fait aussi le parallèle avec un autre ouvrage, où des écrivains se montrent vachards avec leurs confrères : "L'Art de l'insulte, une anthologie littéraire" (Elsa Delachair, Editions Inculte, 2010, 206 pages).
DC
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Quelques vachardises littéraires...
Christine Angot
- Angot, c'est du vrac, du tas. Du tas de quoi ? On ne sait pas trop, conversations téléphoniques sans fin et sans sujet, détails dépourvus de sens; confidences sexuelles, etc. C'est un peu l'esthétique du "Loft". Et ça obtient le Prix France Culture (il y a quelques années), ce qui en dit long sur la haine de certains intellectuels envers l'esprit. (Pierre Jourde)
Honoré de Balzac
- Quel homme aurait été Balzac s'il eût su écrire. (Gustave Flaubert)
- C'est le musée Dupuytren (*) in-folio. C'est un beau champignon d'hôpital. C'est Molière médecin. C'est Saint-Simon peuple. Il enlaidit la laideur. (Hippolyte Taine)
(*) Le musée Dupuytren était un musée d'anatomie pathologique à Paris, créé en 1855 à la Faculté de Médecine sise au Quartier Latin. Il a été transféré en 2016 à la faculté des Sciences Pierre et Marie Curie de Jussieu. Son accès est réservé à présent aux chercheurs.
Charles Baudelaire
- Le saint Vincent de Paul des croûtes trouvées, une mouche à merde en fait d'art. (Edmond et Jules de Goncourt)
- Il avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C'était surtout un cabotin. (Jules Vallès)
Albert Camus (et François Mauriac)
- Albert Camus, croyant le flatter aurait dit de François Mauriac qu'il était le Dostoïevski de la Gironde, ce qui amena François Mauriac à le traiter de Dostoïevski de rien du tout. (Marcel Jouhandeau)
Paul Claudel
- Ce vieillard avide se ruant à la Table Sainte pour y bâfrer des honneurs...Misère! (Albert Camus)
- Jeune, il avait l'air d'un clou ; il a l'air maintenant d'un marteau-pilon. (André Gide)
Maurice Druon
- J'éprouverais plus de plaisir à relire la mauvaise littérature de Druon - vous avez le choix: Les Grandes Familles, Les Rois maudits, etc. -, tout ce qui est faisandé chez lui - ah ! mais surtout pas ses livres nobles, sur le commandement, sur l'action, sur Alexandre. Quand il écrit en homme vertueux, il essaie de me donner des leçons de morale: Druon est illisible. (Bernard Frank)
André Gide
- Mort d'A.G. La moralité publique y gagne beaucoup et la littérature n'y perd pas grand chose. (Paul Claudel)
Michel Houellebecq
- Houellebecq lui-même me l'avait bien expliqué : si tu veux avoir des lecteurs, mets-toi à leur niveau! Fais de toi un personnage aussi plat, flou, médiocre, moche et honteux que lui. C'est le secret, Marc-Édouard. Toi, tu veux trop soulever le lecteur de terre, l'emporter dans les cieux de ton fol amour de la vie et des hommes !... Ça le complexe, ça l'humilie, et donc il te néglige, il te rejette, puis il finit par te mépriser et te haïr...
Michel avait raison. Un best-seller a toujours raison.
Roman à thèse + écriture plate + athéisme revendiqué + critique de son temps (mais pas trop) + culture rock-pop + défense du capitalisme + attaque des Arabes = succès garanti. (Marc-Edouard Nabe)
Bernard-Henry Lévy
- Tout, chez toi, est imaginaire. Le supposé ex-gauchiste, première hypostase, ce personnage de révolutionnaire d'opérette que tu t'es inventé rétrospectivement de toutes pièces [...]. Ta seconde hypostase est aussi incertaine, falote. Le néo-philosophe concocté sous Giscard pour rallier la droite s'est retrouvé socialo sous Mitterrand. La troisième, l'artiste insondable au regard hanté, le Radiguet trop vieux, le romancier truqueur, a la même indécision, la même artificialité. (Guy Hocquenghem)
Stéphane Mallarmé
- Mallarmé, intraduisible, même en français. (Jules Renard)
- Je vois que Malraux est ministre. C'est un méchant bougre. Avec un petit talent journalistique d'ailleurs assez cafouilleux et gauche, il a fait les Conquérants qui étaient bien réussis - depuis peau de lapin - que des ratés - mais quelle presse et quel cabotinage - et quel impérieux pitre ! En colonel, en explorateur, en Penseur - maintenant en ministre! Ajalbert (*) l'a vu dans un autre personnage, en voleur avec menottes entre deux gendarmes à Saïgon [...] C'est un mythomane bluffeur féroce - envieux au délire [...] un petit fifre littéraire qui joue les orchestres - les Pascal, les Bakounine. (Louis-Ferdinand Céline)
(*) Jean Ajalbert, critique d'art, avocat et écrivain
- Gothique et rebelle - jusque dans sa prose plus ogivale que clitoridienne. La Mylène Farmer du roman de gare. (Pierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino)
- Une philosophie de maître nageur vexé. (Michel Crépu)
- Un poète persan dans une loge de concierge. (Maurice Barrès, cité par Walter Benjamin)
- Comme ces médecins qui s'inoculent un virus pour l'analyser librement, il semble s'être inoculé le snobisme afin de mieux pouvoir le décrire. On peut déplorer qu'il lui ait accordé dans son œuvre une place si importante. (François Mauriac)
- La magnifique intelligence de Proust s'est surtout plu à peindre la bêtise. Ce qui fatigue à la longue. (Jean Cocteau)
- Et le roman de Jean-Jacques ! (La Nouvelle Héloïse). A mon gré il est sot, bourgeois, impudent, ennuyeux, mais il y a un morceau admirable sur le suicide qui donne appétit de mourir. (Voltaire)
George Sand
-Je ne puis penser à cette stupide créature sans un certain frémissement d'horreur. Si je la rencontrais, je ne pourrais m'empêcher de lui jeter un bénitier à la tête. (Charles Baudelaire)
Voltaire
- L'imbécile et dégoûtant Voltaire, pareil à un grand vieux singe pisseur. (Paul Claudel)
- Voltaire était le roi de son siècle parce qu'il savait rire - tout son génie n'était que cela; c'était tout. (Gustave Flaubert)
- Maintenant, je vous donne une nouvelle que vous aurez peut-être déjà sue : l'impie, le maître fourbe Voltaire est crevé, autant dire comme un chien, comme une brute...Voilà ses gages ! (Mozart)
- Voltaire est un bas coquin, d'autant plus dangereux, qu'il eût assez d'adresse pour se faire passer pour philosophe. (Stendhal)
Emile Zola
- Tant qu'il n'aura pas dépeint complètement un pot de chambre plein, il n'aura rien fait. (Victor Hugo, cité par Léon Daudet)
- Monsieur Zola est résolu à montrer que s'il n'a pas de génie il peut au moins être lourd. (Oscar Wilde)
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