Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly (1808 - 23 avril 1889), dit Jules Barbey d'Aurevilly, fut tour à tour et tout à la fois romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, journaliste et polémiste engagé dans la vie politique. Cet éclectisme, littéraire en tout cas, l'a fait surnommer le "Connétable des Lettres". Il s'est aussi revendiqué du dandysme, un genre de vie désordonné et original auquel il consacrera d'ailleurs un traité.
Né à Saint-Sauveur-le-Vicomte, dans le Cotentin, Barbey d'Aurevilly est resté tout au long de sa vie fidèle à sa Normandie qu'il parcourut en tous sens. La région a aussi inspiré largement son œuvre. A quelques encablures de son lieu de naissance, se situe Valognes, ville à laquelle il dédie le poème ci-dessous. la Barbey d'Aurevilly y séjourne chez son oncle entre 1818 et 1825 pour ses études. Ces années sont chéries de l'écrivain, et il y connaît ses premiers émois amoureux.
À partir de 1872, Barbey loue à Valognes un appartement dans l’hôtel Grandval-Caligny. Il y revient tous les ans jusqu’en 1887.
On connaît les œuvres majeurs de l'écrivain, parues en particulier entre 1851 et 1874 : Une vieille maîtresse (1851), L’Ensorcelée (1854), Le Chevalier des Touches (1864), Un prêtre marié (1865), Les Diaboliques (1874).
DC
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Barbey_d%27Aurevilly
https://www.patrimoine-normand.com/article-147764-barbey-aurevilly-valognes.html
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Valognes
C'était dans la ville adorée, Sarcophage pour moi des premiers souvenirs, Où tout enfant j'avais, en mon âme enivrée, Rêvé ces bonheurs fous qui restent des désirs! C'était là... qu'une après-midi, dans une rue, Dont un soleil d'août, de sa lumière drue, Frappait le blanc pavé désert, -qu'elle passa, Et qu'en moi, sur ses pas, tout mon coeur s'élança! Elle passa, charmante à n'y pas croire, Car ils la disent laide ici, -stupide gent! Tunique blanche au vent sur une robe noire, Elle était pour mes jeux comme un vase élégant, Incrusté d'ébène et d'ivoire! Je la suivis... -Ton coeur ne t'a pas dit tout bas Que quelqu'un te suivait, innocente divine, Et mettait... mettait, pas pour pas, Sa botte où tombait ta bottine?... Qui sait? Dieu te sculpta peut-être pour l'amour, Ô svelte vase humain, élancé sur ta base! Pourquoi donc n'es-tu pas, ô vase! L'urne de ce coeur mort que tu fis battre un jour!
(Recueil de poésies "Poussières", 1854)
https://www.poesies.net/barbeydaurevilly.html
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