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Citons-precis.com

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Citations, aphorismes, maximes, sentences, pensées poétiques...

DANTON : des citations d'historiens et d'écrivains sur l'homme et l'action du révolutionnaire

Publié par Daniel Confland sur 17 Avril 2021, 15:21pm

Catégories : #gens connus

Georges Jacques Danton (octobre 1759-avril 1794)

Cet article consacré à un florilège des analyses et citations émanant d'historiens et d'écrivains et concernant Danton, préfigure le suivant qui listera les meilleures citations du révolutionnaire.

Outre les portraits de Danton, on sait que la littérature qui s'est intéressée au personnage a cherché à distinguer entre plusieurs lectures de la Révolution de 1789, sous l'angle des causes historiques comme au plan des récupérations ou dénonciations idéologiques que les générations et régimes postrévolutionnaires ont tenté de mettre à leur crédit.

Comme pour tout événement historique d'ampleur, les observateurs engagés on besoin d'incarnations pour étayer leurs analyses. Ici, le terrain est fertile, et zélateurs et contempteurs peuvent sans hésiter se ranger sous les bannières, soit de Robespierre, soit de Danton.

A cette aune, tous deux sont aussi célèbres que controversés : Robespierre, c'est l'incorruptible, mais aussi l'assassin, le sanguinaire de la Terreur; Danton, c'est le colosse, une force de la nature et du verbe, le "modéré" (comparé à Marat et Robespierre), le patriote appelant sans relâche aux armes, mais aussi l'homme vénal, l'intrigant.

Encore aujourd'hui, et malgré les avancées de la science historique, cette controverse n'est pas près de s'apaiser, parce qu'elle touche aussi bien les symboles que l'affect.

DC

Portrait de Danton (1792) par Constance-Marie Charpentier, musée Carnavalet, Wikipédia CC.

 

L'ardent thuriféraire de l'homme et de son action : Alphonse Aulard

"C’est avec des mains pures du sang de septembre que Danton travailla à l'œuvre de la défense nationale

On sait comment il travailla; c’est sa parole qui souffla au cœur des volontaires l’ardeur de vaincre ou de mourir… c'est lui qui fut l'âme de la patrie en danger.

… Danton était avant tout un homme d'Etat. Il voyait la France dans l’Europe et dans l’histoire il ne propose aucune mesure qui ne fût adaptée à la race, au climat, au sol, aux circonstances; il procède de Mirabeau et il fait présager Gambetta.

Danton, c'est l'esprit moderne, libre du préjugé théologique, orienté vers l’avenir, ouvert à la grande religion de l'humanité.

C’est aussi. et surtout un esprit français il y a de la gaieté, de la verve. Un bon sens endiablé et une bonhomie fine dans les discours de ce compatriote de La Fontaine, il s'y trouve aussi du sublime. A la Corneille et à la Voltaire… quiconque lira ses discours sans prévention et comme un texte d'étude y retrouvera au plus haut degré,, ainsi que dans sa politique, le pur esprit de la France."

Alphonse Aulard (La statue de Danton, 1891)

Titulaire de la première chaire sur l'histoire de la Révolution française à la Sorbonne.

Les portraitistes

- L’audace sur le front, le rire de la débauche sur les lèvres, la férocité de son visage dénonce celle de son cœur ; il emprunte inutilement de Bacchus une apparente bonhomie et la jovialité des festins ; l’emportement de ses discours, la violence de ses gestes, la bestialité de ses jurements le trahissent. 

(Madame (Manon) Roland)

- Il était nonchalant et paresseux ; c’était un colosse débordant de vie, mais dont le souci profond et spontané était de jouir de l’existence, sans se mettre en peine de lui assigner une fin idéologique ou morale, en se tenant le plus près possible de la nature, sans souci du lendemain surtout. On le comprend encore mieux quand on le voit fier de sa force, de l’abus qu’il en faisait et de ses prouesses amoureuses ; si solide qu’il fût, il avait des moments de dépression qui aggravaient sa paresse, et dégénéraient en atonie. Et enfin, il me paraît vraiment qu’il fut « magnanime » comme le dit Royer-Collard.. S’il ignorait les scrupules, il ne connaissait pas non plus la haine, la rancune, la soif de vengeance qui ont tant contribué à déformer la Terreur et à l’ensanglanter. (…) Avec son goût très vif, mais sain, pour les plaisirs de la vie, le cœur sur la main, et la dépense facile, insouciant et indulgent, d’une verve intarissable et primesautière, qui n’épargnait pas les propos salés, Danton plaisait naturellement à beaucoup de gens. (…) Aimant l’existence, il était optimiste ; débordant de sève, il respirait ordinairement l’énergie ; ainsi devait-il s’imposer aisément comme un chef : c’était un entraineur d’hommes.

(Georges Lefebvre)

- Un monstre, mais un homme.

(Jules Michelet)

- Danton a cette qualité si précieuse que n’ont jamais les hommes ordinaires : il ne hait ou ne craint ni les lumières, ni les talents, ni la vertu. 

(Condorcet)

 

- (La parole de Danton) fut humaine aussi et sans mélange de passions troubles.

(Jean Jaurès)

Danton, fils des Lumières

- Si de Rousseau vint Robespierre, "de Diderot jaillit Danton".

(Michelet attribue la seconde partie de la phrase à Auguste Comte)

Auguste Comte distingue trois écoles de pensée au XVIIIème siècle : celle de Voltaire qui veut abolir l'influence de l'autel sans abattre le trône, celle de Rousseau, qui veut garder l'autel et ruiner le trône et celle des purs encyclopédistes représentée par Diderot qui veut à la fois l'émancipation politique et religieuse, en "régénérant" le système social.

Voir : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1978_num_10_1_1192

- Pour que la Révolution soit, il ne suffit pas que Montesquieu la présente, que Diderot la prêche; que Beaumarchais l'annonce, que Condorcet la calcule, Qu'Arouet la prépare, que Rousseau la prémédite, il faut que Danton l'ose.

(Victor Hugo)

Danton, un homme d'action contesté ou approuvé, mais dont l'intégrité reste douteuse

"Tout le parcours de Danton est peut-être condensé dans cette oscillation permanente entre les nécessaires violences révolutionnaires, qu'il approuve, et son aversion de la Terreur dans son expression la plus brutale."

Voir : l'article de l'Humanité (2009) : Danton, le verbe chevillé au peuple : https://www.humanite.fr/node/422743.

- Danton était un démagogue affamé de jouissances, qui s'était vendu à tous ceux qui avaient bien voulu l'acheter, à la Cour (...), aux fournisseurs comme aux contre-révolutionnaires, un mauvais Français qui doutait de la victoire et préparait dans l'ombre une paix honteuse avec l'ennemi, un révolutionnaire hypocrite qui était devenu le suprême espoir du parti royaliste.

(Albert Mathiez, historien, qui fut l'élève de Michelet et pro-Robespierre)

Note : Danton a été accusé (il s'en est défendu)d'avoir détourné des fonds secrets de la Justice, quand il était à la tête de ce ministère en août et septembre 1792), d'avoir eu des contacts trébuchants avec la Cour, et d'avoir pris contacts avec la coalition ennemie pour "hâter la paix".

- Il fallait dans le ministère (de la Justice) un homme qui eût la confiance de ce peuple dont les agitations venaient de renverser le trône (…), qui par son ascendant pût contenir les instruments très méprisables d’une révolution utile, glorieuse et nécessaire (…), qui par son talent pour la parole, par son esprit, par son caractère, n’avilît point le ministère. Danton seul avait ces qualités.

Quelques points de synthèse

Danton fut l’action dont Mirabeau avait été la parole. 

(Victor Hugo)

- Avec un tempérament de boucher, il a un cœur d’homme […] Avec les emportements d’un clubiste, il a la lucidité d’un politique. 

(Hyppolyte Taine)

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Parmi les sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Jacques_Danton

https://www.histoire-en-citations.fr/indexation/danton

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Danton à la tribune, anonyme, Wikipédia CC.

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A consulter aussi : 

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