Dès le début de sa relation avec Joséphine, Napoléon Bonaparte exprime la passion qu'il ressent dans une correspondance enflammée au ton très libre et intime. Le futur empereur est littéralement sous le charme et l'emprise. Il écrit beaucoup, alors qu'il est vite accaparé par la campagne d'Italie qui n'est pas toujours une promenade de santé malgré quelques victoires glorieuses. En retour, il reçoit peu de lettres de celle qu'il a épousée en mars 1795. Il se plaint amèrement de cette attitude comme de la tonalité froide et laconique des lettres; il reproche aussi à sa femme ses adultères supposés ou réels, reproche qu'elle lui renvoie d'ailleurs. Il lui en veut enfin de ne pas venir le voir en Italie, lui préférant la vie mondaine et frivole à Paris. Et lorsqu'elle se décide enfin, elle s'ennuie sur place, le voit peu, courant après les fêtes. Des disputes donc, et des rabibochages, notamment épistolaires : dans la lettre qui suit, Napoléon Bonaparte exprime de nouveau toute la ferveur de son amour. Mais il doit aussi faire avec une une blessure, celle de la fausse couche de Joséphine , survenue après une infection urinaire lors d'un voyage vers l'Italie : cet épisode la rendra infertile, cause principale du divorce futur avec Napoléon Bonaparte, faute d'héritier à pouvoir lui offrir.
Outre ce point, cette relation conjugale reposait sur un malentendu. Napoléon formait dans son mariage avec Joséphine le vœu ardent d'un amour intense et partagé, celui aussi de fonder une famille. De son côté, Joséphine n'était en quête dans ce contrat que d'un statut proposé par un militaire prometteur, et d'une protection pour elle-même et ses enfants. Point - ou guère - de sentiments dans l'hymen !
Avec le temps, la passion de Napoléon Bonaparte s'affadit, en même temps que ses emportements jaloux. Le problème dynastique se pose de façon cruciale après la proclamation de l'Empire. Le divorce de 1809 est le point d'orgue de cette situation. Mais le mariage de l'Empereur avec Marie-Louise d'Autriche en 1810, la naissance du roi de Rome, ne mettent pas pour autant un terme aux relations de Napoléon Ier avec Joséphine. Mieux, une affection et des égards cette fois réciproques s'installe. Un motif de dispute récurrent demeure toutefois : les dépenses extravagantes de Joséphine qu'il lui faut sans cesse combler !
DC
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Quelques sources :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Napoléon_Ier
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Joséphine_de_Beauharnais
http://(https://www.bmlisieux.com/curiosa/napoleon.htm)
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- 23 juin 1763 : naissance de Joséphine de Beauharnais
- 15 août 1769 : naissance de Napoléon Bonaparte
- août 1795 : première rencontre entre NB et Joséphine
- 2 mars 1795 : NB nommé Général en chef de l'armée d'Italie
- 9 mars 1795 : mariage civil de NB et Joséphine
- 17 octobre 1797 : traité de Campo-Formio, fin de la campagne d'Italie, NB rentre en France
- 21 avril 1799 : Joséphine achète le domaine de Malmaison
- 1798-1801 : campagne d'Egypte (au départ de Toulon en mai 1798)
- 9 novembre 1799 : coup d'Etat du 18 Brumaire
- décembre 1799 : NB nommé Premier consul
- 2 août 1802 : NB nommé Consul à vie
- 18 mai 1804 : NB proclamé Empereur des français
- 2 décembre 1804 : sacre de Napoléon Ier et de Joséphine
- Ier janvier 1807 : rencontre de Napoléon Ier et de Marie Walewska, avec laquelle il aura un fils
-15 décembre 1809 : divorce des époux Bonaparte, Joséphine reste impératrice douairière
- 2 avril 1810 : mariage religieux entre Napoléon Ier et Marie-Louise d'Autriche
- 20 mars 1811 : naissance du roi de Rome
- 23 juin 1814 : mort de Joséphine
- 5 mai 1821 : mort de Napoléon Ier.
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Ces extraits sont issus de la version numérisée des lettres proposée par la Bibliothèque municipale de Lisieux. https://www.bmlisieux.com/curiosa/napoleon.htm
Nous les avons de plus raccourcis pour plus de facilité de lecture tout en s'efforçant d'en garder la force générale et le ton; les fautes de français de la graphie originale ont été en outre gommées.
Voir aussi : les lettres ardentes de Napoléon à Joséphine :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6304095n.image
La campagne d'Italie : le point culminant d'un amour unilatéral et jaloux
28 octobre 1795
Je me réveille plein de toi. Ton portrait et le souvenir de l'enivrante soirée d'hier n'ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizzarre faites vous sur mon cœur ! Vous fâchez-vous ? Vous vois-je triste ? Êtes-vous inquiète ? mon âme est brisé de douleur, et il n'est point de repos pour votre ami... Mais en est-il donc davantage pour moi, lorsque, me livrant au sentiment profond qui me maîtrise, je puise sur vos lèvres, sur votre cœur, une flamme qui me brûle. Ah ! c'est cette nuit que je me suis bien aperçu que votre portrait n'est pas vous ! Tu pars à midi, je te verrai dans 3 heures. En attendant, mio dolce amor, reçois un millier de baisers ; mais ne m'en donne pas, car il brûle mon sang.
30 mars 1796
Je n'ai pas passé un jour sans t'aimer ; je n'ai pas passé une nuit sans te serrer dans mes bras ; je n'ai pas pris une tasse de thé sans maudire la gloire et l'ambition qui me tiennent éloigné de l'âme de ma vie. Au milieu des affaires, à la tête des troupes, en parcourant les camps, mon adorable Joséphine est seule dans mon cœur, occupe mon esprit, absorbe ma pensée. Si je m'éloigne de toi avec la vitesse du torrent du Rhône, c'est pour te revoir plus vite. Si, au milieu de la nuit, je me lève pour travailler, c'est que cela peut avancer de quelques jours l'arrivée de ma douce amie.
5 avril 1796
Je ne suis pas content. Ta dernière lettre est froide comme l'amitié. Je n'ai pas trouvé ce feu qui allume tes regards, et que j'ai cru quelquefois y voir. (...J'ai désiré) des lettres plus froides ; mais elles me donnent le glacé de la mort. La crainte de ne pas être aimé de Joséphine, l'idée de la voir inconstante, de la... Mais je me forge des peines. Il en est tant de réelles ! Faut-il encore s'en fabriquer !!! Tu ne peux m'avoir inspiré un amour sans bornes, sans le partager ; et avec ton âme, ta pensée et ta raison, l'on ne peut pas, en retour de l'abandon et du dévouement, donner en échange le coup de la mort.
11 juin 1796 (Milan)
Quand tu m'écris, le peu de mots, le style n'est jamais d'un sentiment profond. Tu m'as aimé par un léger caprice ; tu sens déjà combien il serait ridicule qu'il arrête ton cœur. Il me paraît que tu as fait ton choix et que tu sais à qui t'adresser pour me remplacer. Je te souhaite bonheur, si l'inconstance peut en obtenir ; je ne dis pas la perfidie... Tu n'as jamais aimé (...) Mon cœur ne sentit jamais rien de médiocre (...) il s'était défendu de l'amour ; tu lui as inspiré une passion sans bornes, une ivresse qui le dégrade. Ta pensée était dans mon âme avant celle de la Nature entière ; ton caprice était pour moi une loi sacrée ; pouvoir te voir était mon souverain bonheur ; tu es belle, gracieuse ; ton âme douce et céleste se peint sur ta physionomie. J'adorais tout en toi ; plus naïve, plus jeune, je t'eusse aimée moins (...) Ton portrait était toujours sur mon cœur ; jamais une pensée sans le voir et le couvrir de baisers. (...) Tu as fait mon malheur, je t'en préviens. Je le sentis lorsque mon âme s'engageait, lorsque la tienne gagnait journellement un empire sans bornes et asservissait tous mes sens. Cruelle !!!
Pourquoi m'avoir fait espérer un sentiment que tu n'éprouvais pas !!! Mais le reproche n'est pas digne de moi. Je n'ai jamais cru au bonheur. Tous les jours, la mort voltige autour de moi (...) La vie vaut-elle la peine de faire tant de bruit !!! Adieu, Joséphine, reste à Paris, ne m'écris plus, et respecte au moins mon asile. Mille poignards déchirent mon cœur ; ne les enfonce pas davantage. Adieu, mon bonheur, ma vie, tout ce qui existait pour moi sur la terre.
26 juin 1796
Dis-moi, toi qui sais si bien faire aimer les autres sans aimer, saurais-tu comment on guérit de l'amour ??? Je paierai ce remède bien cher. Tu devais partir le 5 prairial ; bête que j'étais, je t'attendais le 13. Comme si une jolie femme pouvait abandonner ses habitudes, ses amis, sa madame Tallien, et un dîner chez Barras, et une représentation d'une pièce nouvelle, et Fortuné, oui, Fortuné !
Tu aime tout plus que ton mari ; tu n'as pour lui qu'un peu d'estime, et une portion de cette bienveillance dont le cœur abonde. Tous les jours récapitulant tes torts, tes fautes, je me bat le flancs pour ne te plus aimer, bah ! voilà-t-il pas que je t'aime davantage. Enfin, mon incomparable petite mère, je vais te dire mon secret : moque-toi de moi, reste à Paris, aies des amants, que tout le monde le sache, n'écris jamais, eh bien ! je t'en aimerai dix fois davantage.
Si ce n'est pas là folie, fièvre, délire ! Et je ne guérirai pas de cela (oh ! si pardieu, j'en guérirai) ; mais ne va pas me dire que tu es malade, n'entreprends pas de te justifier. Bon Dieu ! Tu es pardonnée ; je t'aime à la folie, et jamais mon pauvre cœur ne cessera de donner son amour.
21 novembre 1796
Je vais me coucher, ma petite Joséphine, le cœur plein de ton adorable image, et navré de rester tant de temps loin de toi ; mais j'espère que, dans quelques jours, je serai plus heureux et que je pourrai à mon aise te donner des preuves de l'amour ardent que tu m'as inspiré. Tu ne m'écris plus ; tu ne penses plus à ton bon ami, cruelle femme ! Ne sais-tu pas que sans toi, sans ton cœur, sans ton amour, il n'est pour ton mari ni bonheur, ni vie. Bon Dieu ! Que je serais heureux si je pouvais assister à l'aimable toilette, petite épaule, un petit sein blanc, élastique, bien ferme ; par-dessus cela, une petite mine avec le mouchoir à la créole, à croquer. Tu sais bien que je n'oublie pas les petites visites ; tu sais bien, la petite forêt noire. Je lui donne mille baisers et j'attends avec impatience le moment d'y être. Tout à toi, la vie, le bonheur, le plaisir ne sont que ce que tu les fais. Vivre dans une Joséphine, c'est vivre dans l'Élysée. Baiser à la bouche, aux yeux, sur l'épaule, au sein, partout, partout.
23 novembre 1796
Je ne t'aime plus du tout ; au contraire, je te déteste. Tu es une vilaine, bien gauche, bien bête, bien cendrillon. Tu ne m'écris pas du tout, tu n'aimes pas ton mari ; tu sais le plaisir que tes lettres lui font, et tu ne lui écris pas six lignes jetées au hasard !
Que faites-vous donc toute la journée, madame ? Quelle affaire si importante vous ôte le temps d'écrire à votre bien bon amant ? Quelle affection étouffe et met de côté l'amour, le tendre et constant amour que vous lui avez promis ? Quel peut être ce merveilleux, ce nouvel amant qui absorbe tous vos instants, tyrannise vos journées et vous empêche de vous occuper de votre mari ? Joséphine, prenez-y garde, une belle nuit, les portes enfoncées, et me voilà.
En vérité, je suis inquiet, ma bonne amie, de ne pas recevoir de tes nouvelles ; écris-moi vite quatre pages, et de ces aimables choses qui remplissent mon cœur de sentiment et de plaisir. J'espère qu'avant peu je te serrerai dans mes bras, et je te couvrirai d'un million de baisers brûlants comme sous l'équateur.
Le couple impérial jusqu'au divorce : une passion qui s'assagit, le début d'une mutuelle affectio
23 juin 1803 (La Malmaison)
J'ai reçu ta lettre, bonne petite Joséphine. Je vois avec peine que tu as souffert de la route ; mais quelques jours de repos te feront du bien. Je suis assez bien portant. J'ai été hier à la chasse à Marly, et je m'y suis blessé très légèrement à un doigt en tirant un sanglier.
Hortense se porte assez bien. Ton gros fils a été un peu malade, mais il va mieux. Je crois que ce soir ces dames jouent Le Barbier de Séville. Le temps est très beau. Je te prie de croire que rien n'est plus vrai que les sentiments que j'ai pour ma petite Joséphine. Tout à toi.
13 août 1805 (camp de Boulogne)
J'ai voulu savoir comment on se portait à la Martinique. Je n'ai pas souvent de vos nouvelles. Vous oubliez vos amis ; ce n'est pas bien. Je ne savais pas que les eaux de la Plombières eussent la vertu du fleuve Léthé.
Il me semble que c'est en buvant ces eaux de Plombières que vous disiez : «Ah ! Bonaparte, si je meurs, qui est-ce qui t'aimera ?» Il y a bien loin de là, n'est-ce pas ? Tout finit, la beauté, l'esprit, le sentiment, le soleil lui-même ; mais ce qui n'aura jamais de terme, c'est le bien que je veux, le bonheur dont jouit... et la bonté de ma Joséphine. Je ne serai pas plus tendre si vous en faites des risées.
Adieu, mon amie, j'ai fait hier attaquer la croisière anglaise ; tout a bien été.
19 décembre 1805
Grande Impératrice, pas une lettre de vous depuis votre départ de Strasbourg. Vous avez passé à Bade, à Stuttgart, à Munich, sans nous écrire un mot. Ce n'est pas bien aimable, ni bien tendre ! Je suis toujours à Brünn. Les Russes sont partis ; j'ai une trêve. Dans peu de jours, je verrai ce que je deviendrai. Daignez, du haut de vos grandeurs, vous occuper un peu de vos esclaves.
10 décembre 1806
Un officier m'apporte un tapis de ta part ; il est un peu court et étroit ; je ne t'en remercie pas moins. Je me porte assez bien. Le temps est fort variable. Mes affaires vont assez bien. Je t'aime et te désire beaucoup.
Adieu, mon amie ; je t'écrirai de venir avec au moins autant de plaisir que tu viendras.
Tout à toi. Un baiser à Hortense, à Stéphanie et à Napoléon.
19 janvier 1807
Mon amie, je reçois ta lettre ; j'ai ri de ta peur du feu. Je suis désespéré du ton de tes lettres, et de ce qui me revient, je te défends de pleurer, d'être chagrine et inquiète ; je veux que tu sois gaie, aimable et heureuse.
février 1807
Mon amie, ta lettre du 20 janvier m'a fait de la peine ; elle est trop triste. Voilà le mal de ne pas être un peu dévote ! Tu me dis que ton bonheur fait ta gloire : cela n'est pas généreux ; il faut dire : le bonheur des autres fait ma gloire ; cela n'est pas conjugal ; il faut dire : le bonheur de mon mari fait ma gloire ; cela n'est pas maternel ; il faudrait dire : le bonheur de mes enfants fait ma gloire ; or, comme les peuples, ton mari, tes enfants, ne peuvent être heureux qu'avec un peu de gloire, il ne faut pas tant en faire fi ! Joséphine, votre cœur est excellent, et votre raison faible ; vous sentez à merveille, mais vous raisonnez moins bien.
Voilà assez de querelle. Je veux que tu sois gaie, contente de ton sort, et que tu obéisses, non en grondant et en pleurant, mais de gaîté de cœur, et avec un peu de bonheur. Adieu, mon amie ; je pars cette nuit, pour parcourir mes avant-postes.
14 mai 1807 (décès le 4 mai du fils de Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais)
Je conçois tout le chagrin que doit te causer la mort de ce pauvre Napoléon ; tu peux comprendre la peine que j'éprouve. Je voudrais être près de toi, pour que tu fusses modérée et sage dans ta douleur. Tu as eu le bonheur de ne jamais perdre d'enfants ; mais c'est une des conditions et des peines attachées à notre misère humaine. Que j'apprenne que tu as été raisonnable, et que tu te portes bien ! Voudrais-tu accroître ma peine ? Adieu, mon amie.
7 juillet 1807 (après la bataille de Friedland et les traités de Tilsit avec la Russie et la Prusse)
Mon amie, la reine de Prusse a dîné hier avec moi. J'ai eu à me défendre de ce qu'elle voulait m'obliger à faire encore quelques concessions à son mari ; mais j'ai été galant, et me suis tenu à ma politique. Elle est fort aimable. J'irai te donner des détails qu'il me serait impossible de te donner sans être bien long. Quand tu liras cette lettre, la paix avec la Prusse et la Russie sera conclue, et Jérôme reconnu roi de Westphalie, avec trois millions de population. Ces nouvelles sont pour toi seule. Adieu, mon amie ; je t'aime et veux te savoir contente et gaie.
18 juillet 1808
Mon amie, je suis arrivé hier à cinq heures du soir à Dresde, fort bien portant, quoique je sois resté cent heures en voiture, sans sortir. Je suis ici chez le roi de Saxe, dont je suis fort content. Je suis donc rapproché de toi de plus de moitié du chemin.
Il se peut qu'une de ces belles nuits, je tombe à Saint-Cloud comme un jaloux ; je t'en préviens. Adieu, mon amie ; j'aurai grand plaisir à te revoir. Tout à toi.
l'Empereur remarié et Joséphine : une amitié fidèle et réciproque, la protection du souverain
4 janvier 1810
Hortense, que j'ai vue cette après-midi, m'a donné, mon amie, de tes nouvelles. J'espère que tu auras été voir aujourd'hui tes plantes, la journée ayant été belle. Je ne suis sorti qu'un instant, à trois heures, pour tuer quelques lièvres. Adieu, mon amie ; dors bien.
juin 1810
Mon amie, je reçois ta lettre. Eugène te donnera des nouvelles de mon voyage et de l'impératrice. J'approuve fort que tu ailles aux eaux. J'espère qu'elles te feront du bien.
Je désire bien te voir. Si tu es à Malmaison à la fin du mois, je viendrai te voir. Je compte être à Saint-Cloud le 30 du mois.
Ma santé est fort bonne ; il me manque de te savoir contente et bien portante. Fais-moi connaître le nom que tu voudrais porter en route. Ne doute jamais de toute la vérité de mes sentiments pour toi ; ils dureront autant que moi ; tu serais fort injuste si tu en doutais.
août 1813
J'envoie savoir comment tu te portes, car Hortense m'a dit que tu étais au lit hier. J'ai été fâché contre toi pour tes dettes ; je ne veux pas que tu en aies ; au contraire, j'espère que tu mettras un million de côté tous les ans, pour donner à tes petites-filles, lorsqu'elles se marieront. Toutefois, ne doute jamais de mon amitié pour toi, et ne te fais aucun chagrin là-dessus.
Adieu, mon amie ; annonce-moi que tu es bien portante. On dit que tu engraisses comme une bonne fermière de Normandie.
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