C'est en croyant aux roses qu'on les fait éclore.
(Anatole France)
La rose, la main verte et le destin
Daniel Confland
Du bouquet enivrant une seule rose pleurait
Dans le vase de Giens onze faisaient les belles
Charnues, ventrues, d'un rouge presque violet
Aux pétales soyeux d'un duveté sensuel
Tout n'était qu'harmonie excepté la dernière
Bouton de moins que rien, qui n'a pas su éclore
Mais Nature n'aime rien autant que l'éphémère
Onze roses fringantes se fanèrent à l'aurore
Tandis qu'une main verte surgissant de l'azur
Caressant de ses doigts les flancs de Triste-Mine
Ecarte les sépales, et puis d'un geste sûr
Déflore la corolle dévoilant l'étamine
La main presse on ne sait quelle brume nourricière
Au-dessus de la fleur elle répand ses faveurs
Et voilà la pauvrette digne des belles trémières
La mort tuera plus tard l'odeur et les couleurs
De la brève survivante de l'entêtant bouquet
La leçon de l'histoire vaudrait pour nous aussi
Dont le cours de la vie sans boussole sinuerait
Hors Volonté qui forge et Destin qui pétrit.
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