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Citons-precis.com

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Citations, aphorismes, maximes, sentences, pensées poétiques...

Le dernier métro où l'on cause, dialogue de comédie en un acte (deuxième partie)

Publié par Daniel Confland sur 12 Décembre 2023, 10:36am

Catégories : #textes

 

LE DERNIER METRO OU L’ON CAUSE….
Dialogue de comédie en un Acte

Daniel Confland,  2012, 36 pages

Argument : Une rame de métro à l’arrêt dans un tunnel. La panne est patente, mais les voyageurs, dans les compartiments, n’en connaissent ni la cause ni la durée et n’ont reçu aucune information. Enervés, stressés, et inconscients du danger encouru, ils finissent par descendre sur les voies pour tenter de rallier la station la plus proche. A l’exception de deux voyageurs plus prudents, qui restent seuls dans leur voiture…Pour passer le temps, ils décident d’engager la conversation, à bâtons rompus. Ce dialogue, qui conduit à un début de complicité, durera autant que la panne. A moins qu’il ne perdure, une fois la panne terminée…

°°°

Note au lecteur : ce texte est parsemé d'aphorismes (et de quelques autres emprunts) prélevés dans mon roman "L'Ecole de Léningrad", édité en 2012, pour les plus anciens, et d'autres provenant de mon recueil d'aphorismes personnels, édité en 2014 sous le titre "350 aphorismes, apophtegmes, maximes, sentences et autres considérations." Le tout mis en situation...

°°°

Deuxième partie (pages 12 à 23)

 

- Olivier : J’avoue qu’elle est superbe. Avez-vous remarqué que les femmes moches ont moins de chagrins d’amour que les belles : il faut être belle pour souffrir

- Marcel : Alors la mienne n’a certainement pas connu de chagrin d’amour

- Olivier : Diriez-vous qu’elle est… moche ?

- Marcel : J’ai d’abord eu une aventure avec sa mère. Alors quand j’ai épousé la fille, sur le coup je l’ai trouvée belle

- Olivier : Elle était plus avenante que sa mère ?

- Marcel : Elle avait surtout vingt-cinq ans de moins !

- Olivier : Vous persiflez pour vous rendre intéressant ou vous faire plaindre. Ce n’est pas bien. Je suis persuadé que vous aimez votre femme. Et vous seriez bien avisé de lui dire qu’elle est belle : les femmes ne sont pas dupes des flatteries qu’on leur sert, mais elles ne peuvent s’empêcher de les aimer ! Et puis, excusez-moi, mais vous n’êtes pas non plus une gravure de mode. Quoi que vous en disiez, vous êtes la preuve par deux que si on jalouse généralement la beauté, on peut aimer un visage ingrat. Accordez-moi que l’inverse est plus rare

- Marcel : Faux, mon vieux ! Plus laid que moi jalouse ma laideur !

- Olivier : Vous aimez la contradiction !

- Marcel : Je suis lucide. Vous savez ce que Sophocle disait : «  Pour parvenir à la sagesse, il faut commencer par la lucidité » ! Ou quelque chose comme cela…

- Olivier : Vous avez des lettres, Marcel !

- Marcel : Comme grammairien, j’ai des excuses ! A mon tour de vous questionner, Olivier : vous avez des enfants ?

- Olivier : Oui, deux ados. Un legs de ma première femme. Deux petits monstres insolents, mal lavés, et qui veulent refaire le monde. Je suis heureux d’avoir échappé aux joies de la maternité et d’être seulement leur père !

- Marcel : Je vous trouve bien sévère

- Olivier : C’est parce que je les aime, bien entendu !

- Marcel : Je suis sûr qu’ils feront des adultes responsables

- Olivier : Un adulte responsable n’est qu’un ancien ado qui a perdu ses boutons et ses illusions, qui vote à l’opposé de ses convictions d’antan, et qui ne laisse pas traîner partout ses slips et ses chaussettes sinon sa femme l’engueule ! Et vous, Marcel, vous avez une descendance

- Marcel : Une grande fille. Une descendance sur laquelle je n’ai aucun ascendant, du reste. Elle a décidé de vivre sa vie loin de sa mère et de moi. En fait, elle fait du théâtre de rue dans une compagnie elle-même à la rue !

- Olivier : Elle percera peut-être ?

- Marcel : J’en doute. Elle est persuadée que pour exister authentiquement, le talent doit se vêtir du manteau de pauvreté. Cela dit, elle débute dans la carrière

- Olivier : Au bal des débutants, il en est qui finissent par mener la danse !

- Marcel : On verra bien. A part ma fille, j’ai aussi une vieille mère de quatre-vingt cinq ans et un cousin du côté de mon père. Ce cousin a d’ailleurs une particularité qui mérite d’être signalée : il est tellement poilu, qu’il ressemble à un ours avant de se raser… et après aussi ! Vous voyez, ma famille éloignée ne va pas loin !

- Olivier : Je compatis. J’ai moi-même une famille des plus réduites. Mes parents sont décédés. Je ne fréquente plus la famille de ma première femme qui a pris son parti, ce dont j’ai pris le parti de ne pas m’offusquer. J’ai un vieil oncle plus qu’octogénaire du côté paternel. Je m’entends bien avec lui. En dépit de son âge, il est resté curieux de tout. Il s’est mis au mandarin voici deux ans et semble le parler très correctement, si j’en crois son voisin de palier chinois qui tient le restaurant de gastronomie basque du bas de son immeuble. Mon oncle est quelqu’un de grande valeur

- Marcel : Aujourd’hui, la valeur atteint jusqu’à tard le nombre des années ! Quand la famille est squelettique, restent les amis. J’en ai gardé quelques uns depuis l’enfance. Je sais que je peux compter sur eux.

- Olivier : J’ai peu d’amis de mon côté, mais au moins un d’exception. On s’est véritablement choisis, encore mieux que s’il s’était agi d’amour !

- Marcel : Cela ne m’étonne pas, il en est des affinités électives comme de la technologie pour le profane : on ne sait pas pourquoi mais cela fonctionne !

- Olivier : Vous mettez le doigt dessus, Marcel. Mon ami est vraiment un ami très cher. D’ailleurs, il y a six mois de cela j’ai dû l’accueillir chez moi. Le pauvre garçon traverse une mauvaise passe financière, doublée d’une mauvaise passe avec une fille

- Marcel : Chagrin d’amour ?

- Olivier : Non, maladie sexuellement transmissible

- Marcel : Et votre femme supporte facilement cette situation ?

- Olivier : Elle l’a viré hier de chez nous, alors je paye l’hôtel à mon ami

- Marcel : Comme dit l’autre : ces choses là sont trop lourdes à porter pour qu’on s’y appesantisse ! A propos des amis, mon père me disait toujours : « Tu ne peux refuser de prendre pour ami quelqu’un qui veut partager tes valeurs, sauf si ce sont tes valeurs boursières ! ». Il faut dire qu’après l’ENA, mon père est parti pantoufler dans une banque jusqu’à sa retraite.

- Olivier : Je m’en doutais. Mais il avait raison. Il est essentiel de choisir ses amis avec discernement. Bien des amis se révèlent être des faux frères, en réalité

- Marcel : Attention ! Faux frère est un vrai faux ami dans la langue française. Parole de grammairien !

- Olivier : Expliquez-vous

- Marcel : Imaginez que le faux frère ait un frère ? Le désigner à quelqu’un comme étant le frère du faux frère ne vous paraît pas bizarre ?

- Olivier : Vous avez raison

- Marcel : Imaginez à présent que le frère du faux frère soit lui-même un faux frère ? On dirait à son propos que le faux frère du faux frère est son frère, et là c’est carrément ubuesque ?

- Olivier : Je retiens de cette métaphore alambiquée que l’on peut avoir des amis pour de fausses bonnes raisons ?

- Marcel : Exactement.

- Le conducteur : Ici votre conducteur, qui a un message à délivrer à ceux qui sont restés dans les voitures et que je félicite particulièrement car ils sont peu nombreux. Une motrice de secours était en vue pour nous dépanner. Mais sa manœuvre a été stoppée, car une bande de crétins irresponsables est descendue de notre rame et circule à présent sur la voie. Le temps que la police et les agents de la RATP les récupèrent, en vie si possible, il y en a encore pour une bonne heure. Alors, prenez patience comme je le fais moi-même dans mon bocal à l’avant du train.

- Olivier : Bon. Un nouveau SMS s’impose pour dire à ma femme qu’elle ne m’attende pas pour dormir (il pianote sur son portable)

- Marcel : Je fais comme vous, mais quelle guigne !

- Olivier (tout en continuant de pianoter) : Avec cette panne qui se prolonge, moi, je commence à avoir une furieuse envie de miction

- Marcel : Ne vous gênez pas, Olivier, la porte des toilettes est grande ouverte (Olivier se met en position, dos au public).

- Marcel : Après tout, si ça peut faire passer le temps…(il rejoint Olivier)

- Un inconnu sur la voie : Hé ! les deux dégueulasses, vous ne pouvez pas faire attention où vous pissez !

- Marcel (en colère) : Qu’est-ce que tu fous sur la voie, eh, duconneau !

- Olivier (persifleur) : Cette formulation n’est pas très digne d’un grammairien !

- Marcel : La grammaire n’a jamais empêché d’avoir du vocabulaire !

- Marcel : Où en étions-nous ?

- Olivier : A l’amitié

- Marcel : Aux amitiés désenchantées, disons ! J’ai dû moi-même me séparer d’un ami qui se droguait. Je ne pouvais pas l’aider car il niait son état. La réalité a fini par s’imposer à lui, mais il était trop tard

- Olivier : Souvent, la réalité dépasse l’addiction… Je le dis sans sourire

- Marcel : Encore heureux !

- Olivier : Bien que pour conjurer les choses graves, il suffise chaque jour d’ouvrir un peu les vannes de l’humour et d’inonder ainsi sa vie de mille petits bonheurs !

- Marcel : La formule est de vous ?

- Olivier : Non. D’un éclusier du Canal de Bourgogne près duquel mes parents avaient une maison de famille…Vous savez, j’ai été aussi amené à me détourner de quelqu’un que je croyais mon ami quand j’ai découvert qu’il était raciste. Un jour le voilà qui me dit tout de go : « Tu sais, Olivier, si je devais faire de la politique j’expulserais tous ces noirs à capuche qui traînent dans nos banlieues à ne rien faire ou à se livrer à des tas de trafics ! ».

- Marcel. Une assertion des plus banales en somme !

- Olivier : Pour voir jusqu’où il était capable d’aller, je le titille alors un peu : « Tu as mille fois raison, Patrick, lui dis-je, c’est rien que de la racaille sans papiers ! ». Et lui de poursuivre : « Cela dit, Olivier, je garderais les noirs diplômés en costume cravate ; l’économie française a besoin de main d’œuvre immigrée et on doit faire avec ! ». Je réponds du tac au tac : « Mais alors, Patrick, que deviendraient toutes ces associations d’aide aux immigrés clandestins ? ». « C’est simple, Olivier, me répond-il, dans mon programme elles conserveraient leur utilité : il faudra bien quelqu’un pour distribuer des costumes cravate à tous ces noirs… »

- Marcel : Raciste mais avec un soupçon d’humanisme ?

- Olivier : Je dirai plutôt un faux humaniste doté d’un fort soupçon de racisme !

- Marcel : Décidément, vous aimez bien les formules teintées d’un chouïa d’humour, hein ! Tenez, j’en tiens encore une de mon père qui vous irait comme un gant !

- Olivier : Citez, mon bon, citez !

- Marcel : « L’humour est une manière détournée de parler de soi aux autres ».

- Olivier : Et que vous dit mon Moi ?

- Marcel : Que vous aimez la dérision, que vous donnez facilement dans l’humour aigrelet avec un zeste de cynisme

- Olivier : Le cynique parle, tandis que l’hypocrite se tait, c’est plus franc !

- Marcel : Je vous le concède volontiers. En fait, je discerne chez vous un peu d’angoisse existentielle, et la dérision est un masque qui vous sert d’exutoire. Si vous ne croyez pas en  Dieu, vous devriez sérieusement vous y mettre, Olivier ! Car vous n’y croyez pas, n’est-ce pas ?

- Olivier : En voilà une question, et qui vient comme une tonsure sur une perruque !

- Marcel : Je croyais que nous pouvions parler de tout, maintenant que nous nous connaissons un peu mieux…

- Olivier : C’est un sujet intime

- Marcel : Auquel vous ne voulez pas répondre

- Olivier : Mais si : je ne suis pas croyant, voilà !

- Marcel : Puis-je vous dire que vous avez tort, Olivier, la religion embellirait votre vie

- Olivier : La religion j’en doute, mais les religieux sûrement pas, si j’en crois les tombereaux de haine que certains déversent de par le monde au nom de leur croyance

- Marcel : Ceux-là sont de mauvaise foi, au propre comme au figuré, ils ne comptent pas

- Olivier : Ils ne comptent peut-être pas mais ils sont nombreux ! Sans parler des fanatiques. Toutes les religions ont leurs exaltés, et cela ne date pas d’hier. Souvenez-vous de Saint Bernard, en 1146, sur le parvis de l’église à Vézelay. Exhortant le roi, les féodaux et la troupe à s’engager illico pour la deuxième croisade, il s’exclama : « Que celui qui n’a jamais prêché me jette la première prière ! »

- Marcel : Je doute qu’il ait jamais dit cela, hein ? Qui plus est, si je ne me trompe, la deuxième croisade s’est soldée par un horrible fiasco…

- Olivier : Gagné sur les deux tableaux ! Mais c’est vous qui avez commencé en citant spécieusement le Maître Léonard. Quoiqu’il en soit, permettez-moi de réitérer mon propos : la foi n’a rien à faire avec les fous de Dieu. En revanche, imaginez un instant une grande roue dans un parc d’attractions : vous montez, vous descendez dans la nacelle, vous faites des tours, comme les hauts et les bas de la vie. Et puis les tours s’arrêtent pour de bon. Vous descendez de la nacelle, définitivement. Vous êtes heureux, serein, non pas de quitter la roue, mais des tours que vous avez fait. Et vous pouvez partir pour un ailleurs meilleur, sans regrets. C’est cela avoir la foi !

- Olivier : Je ne suis pas sûr que votre métaphore théologique se tienne. Et d’ailleurs, si Dieu est Amour et Perfection comme on se plaît à le dire, comment croire que les hommes et la nature soient à l’image de Dieu alors qu’ils sont si imparfaits comme le démontrent à l’envi les atrocités et les cataclysmes dont ils sont coutumiers !

- Marcel : Vous confondez tout !

- Olivier : Peut-être. Mais je constate que ma remarque vous a touché : admettez que tout argument frappé au coin du bon sens ne fait mal qu’à celui qui le reçoit ! D’ailleurs, j’ai une preuve à l’appui de ce que j’avance. A l’Ecole des Ponts, un Professeur un peu baroque nous avait posé une devinette pour nous préparer à la dialectique dans le management

- Marcel : La foi et la religion ne se réduisent pas à de la dialectique

- Olivier : Mais si, mon cher Marcel, tout est dialectique dans la religion, sinon on ne s’étriperait pas en son nom ! Acceptez au moins d’entendre ma devinette ?

- Marcel (boudeur) : Allez-y puisque vous y tenez tant…

- Olivier : Voilà la question posée par le Professeur, qui nous avait donné deux heures pour y répondre par écrit : Pourquoi le mille-pattes a-t-il mille pattes, alors que deux lui suffiraient pour se tenir debout. Donnez votre version de cette anomalie. La nature vous apparaît-elle imparfaite par voie de conséquence ?

- Marcel (se grattant l’occiput) : Ben…euh…

- Olivier : Pas la peine d’essayer, vous ne trouverez pas ! Pourtant, un condisciple est sorti dix minutes après le commencement de l’épreuve. Sa copie tenait en deux phrases : « Le mille-pattes se sert de toutes ses pattes en position allongée car il veut battre le record du monde du nombre de pompes en vingt-quatre heures. Non, la Nature n’est pas parfaite, car si Dieu avait permis qu’il eut le double de pattes, sans doute le record en question aurait-il été pulvérisé depuis longtemps ! ». (Ils rient)

- Marcel : C’est gros, même pour l’Ecole des Ponts et Chaussées !

- Olivier : Je vous l’accorde

- Marcel (reprenant avec peine son sérieux) : Qui plus est, c’est faux. Bien des pensées philosophiques séparent étroitement le divin et la nature. Je partage celle qui postule que Dieu est transcendant tandis que la Nature est immanente ! C’est lumineux, pas vrai !

- Olivier (se grattant l’occiput à son tour) : Parlez pour vous, mon vieux ! Pour ce qui me concerne, Dieu n’a été inventé que pour donner un sens à notre désespérante condition de mortel. Point final ! Selon moi, d’ailleurs, plutôt que d’invoquer Dieu à tout bout de champ, mieux vaut parler légèrement des choses de la mort. Au moins, cela aide à vivre !

- Marcel : Que voulez-vous dire ?
- Olivier : Laissez-moi vous donner des exemples. Songez à l’angoissé qui déclare : « Si je savais que ma dernière heure est proche, j’arrêterais immédiatement mon analyse ! »
- Le vantard plastronnera : « Plus cool que moi, tu meurs ! »
- Qu’entend-t-on venant des misanthropes ? : «  Je préfère mourir seul que vivre à plusieurs !
- Marcel (se prenant au jeu) : Le visionnaire revendique : « Je veux un cercueil en verre pour apercevoir l’au-delà ! »
- Le sportif extrême se console : « Cette fois, je suis vraiment allé au bout de moi-même ! ».
- Le tyran se fait cynique : « J’ai une méthode infaillible pour transformer mes victimes en reliquaires en or ! »
- Olivier (qui ne veut pas se laisser distancer dans la joute) : Le pessimiste est dubitatif : « Pourquoi commencer un projet que je ne suis pas sûr de finir ! »
- Le grand malade n’est pas dupe : « J’ai la mort en horreur et ma vie en suspens ! »
- Marcel : L’obsédé sexuel est dégoûté de ce qui va lui arriver : « Ce qui est ennuyeux dans la mort, c’est la monotonie des positions ! »
- Olivier ! L’usurier avance ses conditions : « Si la faucheuse est fauchée, je lui prête à 0% pourvu qu’elle m’épargne ! »
- Le grincheux du quinzième siècle aurait fait la moue : « Peste de la lèpre, je défuncte des deux ! »
- Marcel : Le terroriste prosélyte tente de convaincre : « Mets ton trépas dans le mien ! »
- Olivier : Le grammairien que vous êtes trouve des raisons d’espérer : « Ici gît, ici gisait…il faut inventer un futur au verbe gésir ! ». (Il lève les bras en signe de triomphe)
- Marcel : (beau joueur) Là vous m’avez eu, je me rends ! (ils se donnent l’accolade en riant)
- Olivier : (d’une voix cauteleuse) De votre côté, j’avoue que vous avez un peu ébranlé mon athéisme. Vous voulez bien me questionner de nouveau sur mon adhésion à Dieu. Cela affermirait sûrement ma foi naissante !

- Marcel (un peu solennel dans le ton) : Croyez-vous en Dieu, Olivier, même un peu ?

- Olivier : Je répondrai que sur le sujet je suis Mystique-mi-raisin ! (il rit)

- Marcel (outré) : Vous ne pouvez-pas vous empêcher de plaisanter, hein !

- Olivier : Oh, Marcel, dans le genre et depuis qu’on discute, vous n’êtes pas mal non plus ! Après tout, c’est bien d’être bon public à l’égard de soi : cela fait un auditoire attentif et pour pas cher !

- Marcel : Cher Olivier, je vous ferai remarquer que nous ne sommes que deux

- Olivier : Justement !

- Le conducteur (laissant sa tête apparaître au ras du plancher) : Bonjour !

- Marcel (sursautant) : Que faites-vous là, on vous croyait toujours à votre poste !

- Le conducteur : Dans mon bocal, vous voulez dire ? Vous me laissez monter, SVP ?

- Olivier : Et comment comptez-vous vous y prendre ?

- Le conducteur : J’ai apporté une échelle

- Olivier : Mon collègue d’infortune aurait pu vous passer la sienne !

- Marcel : Toujours est-il qu’avec vous dans le tunnel, je constate qu’on n’est pas près de repartir

- Mais si, ça vient…Ma hiérarchie m’a justement demandé par radio d’aller voir s’il restait encore des gens dans ce tunnel. Du coup, j’ai remonté la rame jusqu’à vous

- Olivier : De l’endroit où nous sommes, il vous reste encore quelques compartiments à remonter

- Le conducteur : Pas la peine : d’ici je ne vois plus personne. Le plus gros de la troupe est d’ailleurs passée devant moi avant que je quitte mon bocal et je viens de croiser le reste en venant jusqu’à vous

- Marcel : Vous avez constaté du grabuge en remontant ?

- Le conducteur : Une patte vraisemblablement cassée, trois entorses, quelques bosses, et si j’en juge à l’odeur, deux paniques à manifestation diarrhéiques particulièrement carabinées !

- Olivier : Cela aurait pu être pire

- Le conducteur : En vingt ans d’expérience cheminote, c’est la première fois qu’un tel incident m’arrive

- Marcel : L’expérience est une médecine qui n’exclut pas les pilules amères, comme dit le voisin chinois !

- Olivier : Celui qui s’adonne à la gastronomie basque en bas de chez votre oncle ?

- Marcel : Non, un mien voisin cette fois : il tient la pharmacie au coin de ma rue…

- Le conducteur : Qu’est-ce que c’est que cette histoire de chinois ?

 

A suivre...

 

Deux rames de métro se croisent à la Station Odéon (ligne4) à Paris en 2011, par Cromos, Wikipédia CC.

 

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Voir la première partie :

 https://www.citons-precis.com/2023/12/le-dernier-metro-ou-l-on-cause-dialogue-de-comedie-en-un-acte-premiere-partie.html

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