Compliment vient du latin complere, qui veut dire remplir, être abondant. La racine passera d'abord à l'espagnol avec le mot complimiento, avec le même sens d'abondance, puis passera par l'Italie sous la forme complimento, qui arrivera enfin en France au XVIème siècle. Dans l'entourage des gens importants, il est de bon ton de venir faire alors ses "complimento", c'est à dire une visite de courtoisie avec la politesse affectée qui sied à la démarche. Le mot compliment lui-même apparaît au XVIIème siècle et prend le sens qu'il a aujourd'hui de "paroles louangeuses adressées à quelqu'un", pour le féliciter, en faire l'éloge ou l'encourager dans une voie prometteuse. Dans ce registre, le compliment fait partie des civilités, soit une façon convenable et empathique de se conduire en société. Il peut aussi s'agir d'une marque de respect, tel l'enfant qui "récite un compliment" en public. La galanterie envers le "beau sexe", enfin, a constitué longtemps le domaine prisé du compliment.
Le problème, avec le compliment, vient de sa tare étymologique originelle : l'abondance. Un "beau compliment" n'est-il pas trop beau pour être vrai, l'insistance à parler d'un "compliment sincère" ne viendrait-t-elle pas insinuer qu'il existe des compliments fallacieux ? Du compliment de bon aloi comme celui du fond du cœur, la frontière est ténue vers la flatterie, l'encensement, la flagornerie, la "pommade" ou le lèche-bottisme. Le flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute, n'est-il pas ? Mais on soupçonne certains récepteurs vicieux d'être experts en art du "fishing for compliments" pour mieux flatter leur ego. A ne pas négliger non plus les complimenteurs compulsifs entre eux qui, à coups réciproques de "je vous en prie", "mais non, je vous prie", ou de "vous en êtes un(e) autre", banalisent le compliment en le réduisant à un fade artifice verbal.
Sur ce, cher lecteur, je vous fais mes compliments, pour votre lecture, que j'espère aussi attentive que bienveillante de ces quelques lignes d'introduction.
Daniel Confland
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25 citations de choix sur le compliment
- Avec un bon compliment, je peux vivre deux mois. (Mark Twain)
- Un compliment est un rayon de soleil verbal. (Robert Orben)
- Tout compliment vaut un baiser. (Alfred de Musset)
- Tout compliment est une caresse. (André Maurois)
- Un compliment, c'est un peu d'amour et beaucoup d'esprit. (Emile Faguet)
- Je ne provoque pas les compliments, mais je souffre quand on ne m'en fait pas, et quand on m'en fait, je ne laisse pas la personne s'étendre. (Jules Renard)
- La modestie est le meilleur appât pour aller à la pêche aux compliments. (Gilbert Keith Chesterton)
- Les compliments qui flattent le plus sont ceux que l'on n'est pas tout à fait sûr de mériter. Gérard de Rohan-Chabot)
- Telle vertueuse que soit une femme, c'est sur sa vertu qu'un compliment lui fait le moins de plaisir. (Charles Joseph de Ligne)
- Les femmes ne sont jamais désarmées par les compliments. C'est cela la différence entre les sexes. (Oscar Wilde)
- On ne donne rien de si bon marché que les compliments. (Adrien de Montluc)
- Un homme puissant flatte plus son interlocuteur par une confidence que par un compliment. (Maurice Druon)
- Les compliments, c'est bien beau, c'est bien agréable, mais on ne sait jamais si c'est sincère, tandis que les insultes, ça vient du cœur. (Marc-André poissant)
- Les compliments sont le protocole des sots. (Voltaire)
- Les gens vous demandent une critique alors qu'ils ne cherchent que des compliments.(Somerset Maugham)
- On préfère un compliment menteur à une critique sincère. (Plaute)
- L'homme qui fait beaucoup de compliments pervertit l'usage des paroles en leur ôtant toute leur signification. (Axel Oxenstierna)
- Le compliment exagéré est pire qu'une injure. (Proverbe persan)
- Un compliment est un cadeau qu’on ne doit pas jeter négligemment, à moins de vouloir blesser celui qui vous l’a donné. (Eleanor Hamilton)
- Peut-être justement le plus grand, le plus beau compliment à faire à un écrivain serait de lui dire qu'il ne vaut pas son œuvre. (Jean-Marie Poupart)
- Ce que nous faisons dans notre intérêt ne doit nous rapporter aucun compliment d'ordre moral, ni de la part des autres, ni de la nôtre. (Friedrich Nietzsche)
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