Prendre les choses ou traiter quelqu'un "par dessus la jambe" : d'où vient l'expression ?

D'où vient l'expression prendre les choses ou traiter quelqu'un "par dessus la jambe" ? 

De nos jours l'expression signifie faire une action ou traiter quelqu'un avec désinvolture. faire peu de cas, manquer d'égards. L'affaire ne vaut pas qu'on lui donne de l'importance ni qu'on fasse beaucoup d'efforts pour la mener à bien. Et la personne qu'on traite de la sorte ne mérite qu'une attitude "j'men foutiste", empreinte, de façon inconsciente sinon voulue d'un certain sentiment de supériorité.

En fait, la langue, qui s'y connaît en évolutions au cours du temps, est passée de "par dessous la jambe" à "par dessus". Car "par dessous"  vient au départ du jeu de paume, fort prisé au XVIIème siècle. Si la formule imagée d'aujourd'hui s'applique à peu près à tous les sujets, le sens initial d'attitude désinvolte et d'un air un tantinet supérieur, à savoir, au jeu de paume, faire un coup technique inattendu qui déconcerte et déstabilise le joueur d'en face, surtout si le coup est gagnant, reste finalement le même. Du jeu de paume au tennis moderne, il n'y a d'ailleurs qu'un pas -ou qu'un court -. Un Noah, un Federer et bien d'autres étaient passés maîtres dans l'art du "coup entre les jambes", dénommé "tweener" en anglais. Ce qui, physiquement et sportivement revient au même, n'est-ce pas.

Il est en tout cas temps d'arrêter de vous tenir la jambe avec ce sujet.

Daniel Confland

Parmi les sources :

- A la fortune du mot/ La voix du Nord

- Le dictionnaire de l'Académie Française

- Expresso.fr

Deux exemples :

"Or, ces patrimoines qui quittent le pays sont autant d'impôts qui ne sont plus payés en France, autant de recettes qui ne rentrent plus dans les caisses de l'Etat. Et en ces temps de vaches maigres, il serait absurde de traiter le phénomène par-dessus la jambe. "
Le Monde - Article du 25 août 2010, cité dans l'article du site Expressio.fr ci-dessus.

La jambe de Sarah Bernhardt

The Independant, Londres

Publié le 11/04/2007 - 15:59

" A 60 ans passés, la “divine Sarah” se blesse au genou droit en sautant du parapet dans la scène finale de Tosca. La gangrène s’installe : dix ans plus tard, l’actrice est amputée. Elle affrontera l’opération avec un rare courage et refusera de laisser son handicap mettre fin à sa carrière : la mort la surprend en 1923, en plein tournage d’un film. Après son amputation, elle n’hésitera pas à se rendre au front pour rendre visite aux poilus.

On raconte plusieurs histoires sur son membre amputé. L’une d’elles semble véridique. Pendant sa convalescence, la comédienne aurait reçu un message du directeur de l’exposition panaméricaine à San Francisco lui offrant 100 000 livres en échange du droit d’exposer sa jambe. “Laquelle ?” lui aurait-elle répondu par télégramme.

Une chose est sûre, c’est que personne ne sait où se trouve la droite."

Source : article repris par la revue Courrier International

http://www.courrierinternational.com/article/2007/04/12/la-jambe-de-sarah-bernhardt

Peu encline à se soucier de son handicap, Sarah continuera de jouer assise, refusant toute prothèse. Mieux, elle se rendra au front en chaise à porteurs, pour soutenir le moral des troupes. Ce qui lui vaudra le surnom de "Mère La Chaise".

Extraits de l'article de Citons-precis.com paru en 2016 :

https://www.citons-precis.com/2016/05/l-histoire-revisitee-par-les-aphorismes-aujourd-hui-sarah-bernardt.html

En couverture : portrait de la comédienne en 1910, par Henry Walter Barnett ( wikipédia, CC)

°°°