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Citons-precis.com

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Citations, aphorismes, maximes, sentences, pensées poétiques...

D'où vient l'expression "se faire limoger" ?

Publié par Daniel Confland sur 14 Avril 2025, 17:43pm

Catégories : #définitions

 

 

La gare de Limoges-Bénédictins devant la fontaine du Grand Bassin du Champs de Juillet, photo "Le train, c'est bien", Wikipédia CC.

 

 

Les dictionnaires : limoger = relever quelqu'un de son commandement, de sa fonction, renvoyer, révoquer, destituer; virer, mettre au placard, etc.

Mais d'où vient l'expression "se faire limoger" ? L'explication est historique, et les limougeauds - les habitants de Limoges -  n'ont rien demandé dans l'affaire !


"En août 1914, l’armée française est à la peine face à l’Allemagne qui fait reculer le front, laissant bientôt Paris à la portée de l’ennemi. Le ministère de la guerre prend alors la décision de mettre en retraite anticipée une partie de l’état-major français jugé responsable des défaites. C’est le général Joseph Joffre qui met en œuvre cette disgrâce, envoyant notamment les officiers déchus dans la région de Limoges où se trouve le commandement arrière, bien loin du combat actif. La ville donne bientôt son nom à cette expression, encore aujourd’hui synonyme de renvoi brutal et sans appel."

Source :

Musée de l'Armée - Paris Invalides  Louis-Marie Brulé Chargé de collections - département Artillerie

Compléments : 

Les officiers supérieurs "limogés" sont d’abord envoyés à l’arrière du front, puis dans la XIIe région, laquelle comprend Charente, Corrèze, Creuse, Dordogne et Haute-Vienne… (source : https://www.projet-voltaire.fr/origines/expression-se-faire-limoger/)

"Au total, en décembre, 40% des hauts gradés sont ainsi écartés de leur poste.
Selon certaines sources, tous ces officiers auraient été envoyés à Limoges (...) Mais selon d'autres sources, il paraît que sur les 150 à 200 officiers ainsi éliminés, il y en aurait finalement moins d'une vingtaine qui auraient été réellement tenus de séjourner dans la douzième région, et pas obligatoirement à Limoges même. Et comme cette zone géographique contient plusieurs autres villes importantes, les officiers auraient donc très bien pu se faire plutôt "angoulemer, briver, guereter, tuller ou même magnac-lavaler". Dans ce cas, c'est un peu abusivement que "limoger" serait né en 1916."

Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/2013/05/30/se-faire-limoger-les-mots-et-expressions-de-la-grande-guerre-sont-dans-la-nouvelle-edition-du-petit-larousse-260817.html

Exemple d'emploi : "À cinquante ans, un militaire est fini. Je ne peux pas le dire trop haut ici, mais je le pense. On devrait tous les limoger à cet âge-là. Ils sont abrutis par la vie de garnison ou le soleil tropical, les chutes de cheval et le règlement. " (Maurice Druon, Les Grandes Familles).

 

Un célèbre général "clermontferrrandisé" sous la troisième république

 

Il s'agit du fringant général Boulanger (1837-1891), populaire pour ses victoires militaires et pris par le virus de la politique au point de rêver d'être ministre, ce qu'il finit par être (ministre de la guerre en 1886 sous le troisième gouvernement Freycinet). Soutenu autant par les radicaux que par les nationalistes, en contact avéré avec les monarchistes et les bonapartistes, le général, aussi ambitieux que velléitaire, avançant vers la prise de pouvoir, puis reculant, fit suffisamment peur aux gouvernants pour qu'il décident par décret de l'éloigner de Paris. Sa ville d'exil fut Clermont-Ferrand., où on le nomma à la tête du 13e corps d’armée. Une foule l'acclama à son départ, Gare de Lyon. Boulanger prit officiellement son poste le 11 juillet 1887. Même si ses supporteurs crièrent à la "déportation dans les montagnes d'Auvergne", il n'y avait pas à proprement parler de limogeage, et l'expression "se faire clermontferrandiser" n'a pas son heure de gloire dans les dictionnaires. La "peine" était d'autant plus supportable que le général coula quelques mois heureux dans sa retraite auvergnate, en compagnie de sa maîtresse Madame de Bonnemain, logée clandestinement à l'hôtel des Marronniers tenu par la "Belle meunière".

(De retour à Paris,, Boulanger reprit sa carrière politique, fut élu plusieurs fois député, radié de l'armée puis exilé à Bruxelles pour ses menées contre la République. Madame de Bonnemain fut emportée par la tuberculose en juillet 1891, et le général, qui n'en se consolait point, se suicida peu après sur sa tombe dans les environs de Bruxelles.)

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Boulanger

 

Georges Boulanger (vers 1880, probablement), Atelier Nadar, images restaurée par Adam Cuerden, collection Gallica, Wikipédia CC)

 

 

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