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Citations, aphorismes, maximes, sentences, pensées poétiques...

10 jolis mots désignant un mésusage du français dans les textes et les discours, avec des citations réprobatrices

Publié par Daniel Confland sur 8 Octobre 2025, 18:07pm

 

Alambiqué, amphigourique, ampoulé, baragouin, charabia, galimatias, pathos, pédantisme, sabir, salmigondis.

 

Tous ces mots, qu'ils soient utilisés "en propre" ou au figuré, sont largement synonymes. Mais la langue leur confère cependant des singularités qui font que dans un discours, une conversation, un écrit, on emploiera tel ou tel plutôt qu'un autre,

Certes, ils réprimandent un mauvais usage du français mais c'est aussi leur "saveur linguistique" - en bouche et à l'oreille, ai-je eu déjà l'occasion de le dire pour me désoler du désamour frappant certains mots soi-disant "désuets" - qui les rend remarquables. De ce fait, les amateurs et amoureux de la langue parlée ou écrite saisiront toutes les occasions de préserver leur usage, sans craindre d'être taxés de snobisme puisqu'il s'agit d'un patrimoine.

 

Daniel Confland

°°°

 

Langage, discours, esprit) Alambiqué : n.m, compliqué, contourné, d'une subtilité excessive.

- Quand une phrase ténébreuse, alambiquée vous donne le vertige, souvenez-vous que ce qui donne le vertige c'est le vide. (Sacha Guitry)

 

(Langage, discours, texte, style) Amphigourique : adj, d'Amphigouri, n.m, figure de style désignant un discours, un texte, un dessin tarabiscoté, obscur, inintelligible;  l'adjectif qualifie de façon péjorative une matière, une manière embrouillée et obscure. 

- Tout bien considéré, la philosophie n'est que le sens commun en langage amphigourique. (Goethe)

 

(langage, discours, style) Ampoulé : adj, enflé, boursouflé, pompeux, prétentieux.

- Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme / Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme / Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin / Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain.        (Nicolas Boileau)

 

Baragouin : n.m, langage incorrect, inintelligible, empreint de barbarismes.

- Si les gens de latin des sots sont dénigrés
Et si l’on est docteur sans prendre ses degrés ?
Pourvu qu’on soit morguant, qu’on bride sa moustache,
Qu’on frise ses cheveux, qu’on porte un grand panache,
Qu’on parle baragouin et qu’on suive le vent,
En ce temps d’aujourd’hui l’on n’est que trop savant.  
 
(Mathurin Régnier, Le Gallimatias de Derozier Beaulieu (1634-1672), pièce tragi-comique (dont les vers sont volontairement obscurs, l'intrigue sans queue ni tête, et les vers sont sans lien)
 
 

 

Charabia : n.m, langage parlé, style bizarre, énoncés disparates et/ou inconnus, variétés de patois, jugés pas ou peu compréhensibles.

- Ce que nous prenons pour le style classique de Molière, était le charabia de l'époque, grossi. (Jean Cocteau)

 

Galimatias : n.m, discours embrouillé, confus, obscur, qui ne signifie rien.

- Plutarque -se moque quand il dit que les oracles se rendirent en prose, parce qu'on y demanda plus de clarté et qu'on se désabusa du galimatias mystérieux des vers, (Fontenelle)

 

Pathos : n.m, dans la rhétorique antique (l'art oratoire), le pathos désigne la force d'argumentation qui ne se base pas sur la logique mais fait appel à des effets émotionnels et passionnels; désigne dans la langue courante un ton pathétique, emphatique et affecté, que ce soit par sincérité du locuteur ou induit par l'émotion qu'il produit chez le récepteur.

- On voit partout chez vous l'ithos et le pathos. (Molière, les Femmes savantes; l'ithos dans l'art oratoire s'applique aux mœurs, à la morale, contrairement au pathos qui pointe les émotions et les passions)

 

Pédantisme, n.m, dans les écrits ou le discours, style affecté, maniéré, relevant de la cuistrerie et un peu ridicule; manière d'être pédante d'une personne, relevant des mêmes travers.

- Ne vouloir être ni conseillé ni corrigé sur son ouvrage est un pédantisme. C'est la paresse des hommes (ne lisant pas les textes) qui a encouragé le pédantisme à grossir plutôt qu'à enrichir les bibliothèques, et à faire périr le texte sous le poids des commentaires La Bruyère, cité par Le Littré)

 

Sabir : n.m, mélange parlé de langue arabe et de langues romanes, employé dans le bassin méditerranéen pendant des siècles, dans un souci malhabile de communication; par extension : langage incompréhensible, jargon, charabia.

- "P'pa, et le p'tit Noël...y mettra-ti tet' chose dans mon soulier ?" demanda tout à coup Raoul, dans son sabir enfantin. (François Coppée, l'enfant perdu)

 
 
- Impossible de rêver pareil salmigondis de latin et de français mélangé à la diable, sans queue ni tête, ni sens ni logique. (Louis Fréchette)
 
 

On n'ajoutera pas : 

Les mots : tarabiscoté, affété (afféterie), abscons, parce que c'est de la même aune...

On ajoutera, pour se faire plaisir, le mot jargon,

bien que ce mot soit utilisé encore couramment, contrairement à ceux mentionnés ci-dessus, pour se moquer des scientifiques, des médecins, des politiques et autres énarques (langue de bois et vocabulaire technocratique) :

Jargon : n.m, vocabulaire spécifique à un groupe, à une profession, dont le profane semble exclu; langage qu'on ne comprend pas, ou provenant d'un locuteur qui ne maîtrise par la langu°°°°°°

- La ville est partagée en diverses sociétés, qui sont autant de petites républiques, qui ont leurs lois, leurs usages, leur jargon et leurs mots pour rire. (La Bruyère) 

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A voir aussi sur Citons-precis.com :

20 mots désuets de la langue française à réhabiliter.

 

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