Alerte de Pierre Moscovici, Président de la Cour des comptes, après la publication du rapport 2024 de l'Institution : "Nous avons (en France) une situation des finances publiques qui est très préoccupante, (...) c'est un problème de crédibilité pour nous, notamment au sein de la zone euro.". Le "dérapage" du déficit est "important" et "très, très grave". Il faut "réduire la dette publique et faire 50 milliards d'euros d'économie d'ici 2027" avec des mesures "maintenant" et "fermement". "Pour autant la France n'est pas en faillite, c'est un pays sûr." (pour ceux qui lui prêtent de l'argent)
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N'étant point économiste ni du sérail politique, on laissera à d'autres le soin de commenter les chiffres (à charge et à décharge) et les éléments de cadrage ci-dessous.
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Tags : économie, budget, Etat, finances, dette, déficit.
Le Constat brut, en France (2023) : l'INSEE, les média...
- Dette publique : 3088 milliards d'euros, 111 % environ du PIB, augmentation de 862 milliards depuis 2017, alors qu'elle ne devrait pas être supérieure à 60% du PIB selon les critères européens dits "de Maastricht".
- Déficit public (voir ci-dessous) : 174 milliards d'euros, soit 5,5% du PIB; il ne devrait pas être supérieur à 3% selon Maastricht.
- Déficit de la balance commerciale : 99 milliards d'euros.
L'analyse économique : cadrage général
- Il ne faut pas confondre « déficit » et « dette ». Un déficit concerne une année alors qu’une dette est une accumulation de déficits sur plusieurs années. Le déficit est un flux et la dette est un stock.
- Définition : la dette publique désigne l’ensemble des emprunts contractés par les administrations publiques : Etat, collectivités locales, administrations de sécurité sociale, organismes d’administration centrale.
- Sous l'Ancien Régime, la dette publique se confond le plus souvent avec la caisse du Roi. Mais au fur et à mesure que les rouages de l'Etat se constituent et se développent, la "Dette" n'est plus une abstraction mais un ratio "visualisable" entre les revenus et les dépenses de l'Etat, et la mesure du dérapage éventuel de ces dernières par rapport aux premiers.
- Pour que la dette publique existe et se maintienne, il faut qu'elle soit soutenable et que les créanciers aient confiance envers l'Etat-débiteur. De fait, la caractéristique d'un Etat réside dans sa perpétuité supposée (mais non avérée), ce qui est censé rassurer les créanciers sur le remboursement de la dette contractée, intérêts compris.
- Or, l' Etat est tenté de profiter de son immortalité affichée pour "faire rouler" la dette en cas de besoin, c'est-à-dire dire d'emprunter de nouveau pour rembourser d'anciennes créances. Une facilité qui conduit maints gouvernements à ne pas faire trop d'efforts, ni pour réformer une Administration peu efficace ni pour consolider ou réduire leur dette publique. C'est la "mauvaise dette".
Lorsque les gouvernants augmentent le poids de la dette publique, ils éludent de surcroît le fait que la dette constitue un "impôt différé", à savoir que son montant est transféré de fait aux générations futures.
- Plus les dettes s'accumulent plus elles engendrent de surcroît une montagne d'intérêts : ce qu'on appelle la charge de la dette en vient à obérer une grosse partie des ressources budgétaires, entravant de fait son action pour gérer et investir.
- Il y aurait cependant une "bonne dette", même s'ajoutant au stock existant, modérée et provisoire, pour répondre sans délai à un besoin déterminant de l'action politique (le Covid, par exemple). Le concept est cependant un sujet constant de controverse, qu'il s'agisse des gouvernants ou des économistes.
- Les finances d'un pays sont en outre sous l'œil vigilant des Agences de notation internationales qui délivrent des notes correspondant à leur situation. Ces notes vont de AAA (bonne solvabilité) à D (situation de faillite de l'emprunteur). la note de la France est actuellement de AA. Toute dégradation de la note peut notamment se traduire par une augmentation du taux d'intérêt des prêteurs. Les agences reverront leur notation en juin 2024.
Parmi les sources :
-https://misterprepa.net/dette-publique-solution-ou-probleme/
-https://books.openedition.org/igpde/1810?lang=fr (Introduction, dette d'Etat, dette publique, par Jean-Yves Grenier).
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Les citations : la dette, un fardeau partout et depuis longtemps
- Mais, quoique le tort causé au commerce et à l’activité par nos fonds publics [c'est-à-dire la dette publique], tout bien pesé, ne semble pas négligeable, il est insignifiant en comparaison du préjudice qui en résulte pour un État considéré en tant que corps politique (...) Le mal est ici pur et sans mélange, sans aucune circonstance favorable pour l’atténuer, et c’est un mal qui est d’une nature telle qu’il est le plus important et le plus extrême. (David Hume, 1711-1776; philosophe, économiste et historien écossais).
- (...) Il est un point que, dans la pratique, notre pays a mis depuis quatre-vingts ans en dehors et au-dessus de toute discussion, c’est que la Dette, une fois créée, constitue un engagement sacré et que les dépenses qui s’y rapportent ont un caractère obligatoire et en quelque sorte privilégié. (Léon Say, 1826-1896, homme politique et économiste, à propos du caractère "sacré" de la dette).
- Le peuple sera écrasé d'impôts, on fera emprunt sur emprunt ; après avoir épuisé le présent, on dévorera l'avenir. (Frédéric Bastiat, 1801-1850, économiste français ayant inspiré bon nombre de ses pairs).
- (...) L'histoire financière du siècle dernier montre un constant accroissement du montant des dettes publiques. Personne ne croit que les États vont perpétuellement traîner le fardeau de ces intérêts à payer. Il est clair que tôt ou tard toutes ces dettes seront liquidées d'une manière ou d'une autre, mais certainement pas par le paiement des intérêts et du principal tel que prévu au contrat. (Ludwig von Mises, 1881-1973, économiste austro-américain).
- Heureux les jeunes, car ils hériteront de la dette nationale. (Herbert Houver, 1874-1964, Président des Etats-Unis de1929 à 1933, soit pendant la Grande Dépression)
- En finançant la dépense publique actuelle par la dette, nous sommes, en fait, en train de couper les pommiers pour en faire du bois de chauffage, réduisant ainsi le rendement du verger pour toujours. (James McGill Buchanan, 1919-2013, économiste américain, prix Nobel).
- La dette publique est immorale et antidémocratique, parce qu'on fait supporter le poids de l'impôt à des personnes qui ne peuvent participer au processus de décision au moment où l'emprunt a été initié et qui par définition, lorsque l'emprunt finance des dépenses courantes, n'en bénéficient pas. Ces prises de décisions collectives externalisent les coûts sur le futur et sur les générations à venir qui ne peuvent être représentées au parlement sous prétexte qu'elles sont trop jeunes ou qu'elles n'existent pas. (Bertrand Lemennicier, 1943-2019, économiste).
- La dette publique et le coût des systèmes existants de sécurité sociale ont amené la perspective d'un effondrement économique imminent (...) Si les tendances actuelles se poursuivent, on ne risque rien à dire que l'Etat providence occidental, c'est-à-dire la démocratie sociale, s'effondrera tout comme le socialisme oriental, à la soviétique, s'est effondré à la fin des années 1980. (Hans-Hermann Hoppe, économiste allemand).
- L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. (...) Jamais sans doute il n'est devenu plus difficile d'y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n'était apparue avec une telle menace d'un effondrement général. (Maurice Allais, 1911-2010, prix Nobel d'économie).
- Le principal problème de la dette est de permettre une expansion de l'État qui semble sans douleur, jusqu'à ce que la douleur devienne insupportable et menace l'ensemble de l'économie (...) Presque partout, l'État est fauché, et devra réduire fortement ses dépenses ou faire défaut sur sa dette. En vérité, un défaut l'obligerait également à réduire ses dépenses en bloquant son accès aux marchés financiers. (Pierre Lemieux, homme politique et économiste canadien). (Pierre Lemieux, économiste).
- Le système démocratique rend beaucoup plus facile la création d’une dépense publique que sa disparition, puisque les incitations à défendre la dépense existante sont bien plus fortes et l’action plus facile à organiser que pour ceux qui aimeraient cesser de financer tous ces avantages particuliers. L’illusion créée par les politiques fonctionne bien dans des pays comme la France, où chacun essaie de vivre aux dépens des autres à travers la grande fiction qu’est l’É tat, comme l’a justement dit Frédéric Bastiat. (Pierre Schweitzer, économiste)
- La dette des gouvernements (c'est) la bulle-mère, celle sur laquelle toutes les autres s'appuient et se nourrissent. (...) L'émission de dettes par les gouvernements, c'est le moyen ultime de retarder les échéances mais elle a un prix : elle détruit à long terme la solvabilité de ces mêmes gouvernements ; elle gaspille des ressources ; elle interdit de remonter les taux ; elle mine la monnaie ; elle détruit en profondeur nos systèmes sociaux et bancaires fondés sur l'épargne, les retraites, la prévoyance. (Bruno Bertez, entrepreneur dans la presse financière)
- On ne sort pas d'une situation de dette excessive en pratiquant seulement l'austérité. (George Soros, financier américain)
- L'objectif de ramener le déficit public (de la France) en dessous de 3% (en 2027 comme le prévoit le Ministre de l'économie et des finances) relève de la fiction." (Nicolas Baverez; économiste)
- Il faut faire descendre "la montagne de dettes" (en France) pour construire "le mur d'investissements". (Pierre Moscovici, Président de la Cour des comptes)."
Source principale : https://www.wikiberal.org/wiki/Dette_publ
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