20 citations autour du poste de Premier ministre sous la Vème République : seconde partie

Publié par Daniel Confland sur 1 Septembre 2024, 11:29am

Mots-clefs : Premier ministre - Président - Vème République - constitution - Etat - pouvoir - cohabitation - élections - dyarchie - hyperprésidence - Jupiter.

Les citations (seconde partie)

Des relations entre le Président et le Premier ministre sous la Vème République

- Il est normal chez nous que le Président de la République et le Premier ministre ne soient pas un seul et même homme. Certes, on ne saurait accepter qu'une dyarchie existât au sommet. Mais, justement, il n'en est rien. (Charles de Gaulle)

- Tout de même qu'à bord du navire l'antique expérience des marins veut qu'un second ait son rôle à lui à côté du commandant, ainsi dans notre nouvelle République, l'exécutif comporte-t-il après le Président voué à ce qui est essentiel et permanent un Premier ministre aux prises avec les contingences. (Charles de Gaulle)

- Le Président de la République serait la tête pensante et le Premier ministre la tête agissante du pouvoir. (Charles de Gaulle).

- (Premier ministre, c'est) la fonction la plus difficile de la République, qu'on ne quitte que par le sacrifice ou la défaite. Si elle tente encore certains, c'est qu'ils pensent que rien n'est irrémédiable, ou qu'ils sauront mieux faire que ceux qui les ont précédés. C'est pourquoi les vocations ne manquent pas (...)
Dans nos institutions, le Premier ministre est une sorte d'abeille industrieuse vouée exclusivement à la protection et à l'alimentation du Président de la République, reine des abeilles à laquelle sont rapportés tout bien et tout succès. Fonction éminemment frustrante. (Edouard Balladur)

- Dans ce régime, tout ce qui est réussi l’est grâce au Président de la République. Tout ce qui ne va pas est imputé au Premier ministre… mais je ne l’ai compris qu’au bout d’un certain temps. (Jacques Chaban-Delbas)

- Un Premier ministre responsable doit accepter d'être impopulaire. Mais un Président responsable peut-il accepter d'avoir un Premier ministre impopulaire ? (Georges Wolinski)

- Quand je regarde les couples exécutifs, j’ai le sentiment que ceux qui ont bien fonctionné sont ceux dans lesquels le Premier ministre jouait tout son rôle sans jamais vouloir en jouer un autre. (Edouard Philippe)

- Un Premier ministre, on le lèche, on le lâche, on le lynche ! (Alain Juppé)

- Le gouvernement s'occupe de l'emploi. Le Premier ministre s'occupe personnellement de l'emploi. Surtout du sien. (Coluche)

- Le Premier ministre est le souffre-douleur du Président de la République. (Jacques Julliard)

- Le Premier ministre sous la Cinquièpe République est sous l'autorité du Président de la République. Il n'y a rien là de bien nouveau. (Jean Castex)

- La cohabitation, c’est le jardin des supplices pour le futur Premier ministre, le jardin des malices pour le Président, le jardin des délices pour les nostalgiques de la Quatrième République. (François d'Aubert, faisant référence à la cohabitation de 1986 Mitterrand-Chrirac)

- (A propos d'une cohabitation éventuelle) Les responsables politiques auront le choix entre deux attitudes : ou bien rechercher l’affrontement, la majorité nouvelle tentant de paralyser le Président, le Président refusant de tenir compte dans la composition du Gouvernement de l’existence d’une majorité nouvelle ; ou bien tenter la cohabitation (NDLR : avec son Premier ministre), ce qui suppose que chacun accepte d’être quelque peu empêché dans la liberté de ses mouvements et de ses choix, de ne pas appliquer tout de suite tous ses projets. (Edouard Balladur en 1983, lui-même "en cohabitation" entre 1993 et 1995)

Les protagonistes de la seconde cohabitation, Mitterrand-Balladur (1993-1995) :

François Mitterrand, en 1984, photo : SPC 5 James Cavalier,US Military, Wikipédia CC.

Edouard Balladur, en 1993, photo du service audio-visuel de la Communauté européenne, Wikipédia CC.

Des Premiers ministres ont parlé de leur expérience dans la fonction

- Je suis devenu Premier ministre sur un double malentendu : Pompidou me croyait gentil, je le croyais gaulliste. (Jacques Chaban-Delmas)

- Dans son échelle de valeurs, tout en haut, il y avait lui-même, puis plus rien, et enfin moi, très en dessous. (Jacques Chirac, en parlant de Valéry Giscard-d'Estaing)

- Je vais le nommer puisque les Français semblent en vouloir. Mais vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra au travers. ( François Mitterrant parlant de Michel Rocard, en 1988)

- Si ça vous amuse... (Mitterrand, faisant souvent peu de cas des propositions de son Premier ministre Michel Rocard, durant les deux mandats de celui-ci entre 1988 et 1995)

- Ce bref séjour commun au fort de Brégançon ne fait que confirmer tout ce qui me sépare d'un Président si imbu de ses prérogatives qu'il en arrive à traiter ses hôtes, fût-ce mon Premier ministre, avec une désinvolture de monarque. (Jacques Chirac, idem)

- La fonction de Premier ministre a retrouvé sa plénitude constitutionnelle... Dans nos échanges, la conclusion est très ouverte... Sur certains sujets, le président a une très forte expérience et il sait que son jugement est sûr. Dans ce cas, sa position est déterminante. Sur d'autres, il fait confiance à mon jugement et à ma sensibilité, et ma position est alors concluante. (Jean-Pierre Raffarin en 2003, Premier ministre de Jacques Chirac)

- (Sur ses débuts dans la fonction de Premier ministre -2007-2012- face à "l'hyper-président" Nicolas Sarkozy) Cela fait partie des moments difficiles dans la relation entre Nicolas Sarkozy et moi, ça fait partie des moments où à deux ou trois reprises, je lui ai proposé ma démission mais, paradoxalement, c'est les premiers mois de cette cohabitation entre le Président de la République et moi qui ont été difficiles (...) Et, au fur et à mesure du temps, les crises passant, le temps passant, on a trouvé un équilibre qui était peut-être pas très visible de l'extérieur, mais qui finalement était un assez bon équilibre. (François Fillon)

(NDLR : il n'empêche que Fillon a été durablement blessé que Sarkozy le traite de "collaborateur", sans parler des petites humiliations régulières à son endroit. A noter aussi la réflexion de Jean-Louis Borloo à propos de l'omniprésence de Sarkozy à tous les étages de l'action de l'Etat : "Sarkozy, c'est le seul qui a été obligé de passer par l'Elysée pour devenir Premier ministre.")

Une source importante :

httpchiracs://www.histoire-en-citations.fr/citations/nos-premiers-ministres-de-michel-debre-a-michel-rocard

et une source sur la relation Fillon-Sarkozy : https://www.europe1.fr/politique/francois-fillon-estime-quil-etait-en-cohabitation-avec-nicolas-sarkozy-3838727

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