D'où vient l'expression "offrir le gîte et le couvert" ?
D'abord le sens actuel, qui est d'offrir un lieu pour dormir et de quoi se restaurer. Mais comme d'habitude avec la langue, les mots, les expressions évoluent avec le temps, et le sens dérive. Prenons les éléments un par un. Le couvert, d'abord : c'est évidemment ce qui "couvre", comme l'indique d'ailleurs l'expression "se mettre à couvert", une action qui vise à se protéger des intempéries, que ce soit sous un toit, un bouquet d'arbres ou... un abribus.
Dans l'une de ses fables, Le rat retiré du monde, La Fontaine parle d'un rat qui jouit du "vivre et (du) couvert", ermite repu, dans un fromage de Hollande. Tiens ! Avant le gîte et le couvert, on connaissait donc au XVIIème siècle "le vivre", pour signifier la nourriture, accolée au couvert. Ce sens fait encore partie du vocabulaire d'aujourd'hui avec, au pluriel, les "vivres". Le mot gîte existait dès le Moyen Âge (aussi avec l'orthographe giste), pour désigner un lieu où on couchait. Le gîte montagnard a cette signification, d'abord pour les bergers et ensuite pour les randonneurs. Cet abri, s'il n'offre pas forcément de nourriture, est censé posséder un minimum d'ustensiles pour pouvoir cuisiner. Le terme a naturellement fait florès depuis l'essor impressionnant des gîtes ruraux dans nos campagnes.
Or, peu à peu, le mot couvert s'est de son côté "élargi" sémantiquement à la table et à ses accessoires, assiettes, couteaux, fourchettes, etc. La Fontaine s'était déjà emparé de cette seconde appellation dans une autre de ses fables, Le rat de ville et le rat des champs : " Sur un tapis de Turquie le couvert se trouva mis." Il y s'agit d'un festin et de relief d'ortolans ! La langue, c'est l'empire des sens !
DC
Sources :
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